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elle serait séduisante et il n’est pas inutile d’en dire encore quelques mots.

Chaque nation a tout naturellement adopté pour son École navale un système de recrutement, d’instruction et d’éducation correspondant à ses mœurs et à ses habitudes. C’est ainsi que les Anglais, par exemple, recrutent tout d’abord presque des enfans qu’ils sélectionnent vaguement et dont ils dirigent d’une façon spéciale la formation dans un collège naval.

Cette méthode a bien ses avantages ; elle n’est pas la nôtre ; nous avons tendu cependant à nous en rapprocher quand nous avons réduit en 1900 nos programmes d’examens d’entrée jusqu’à nous contenter des connaissances exigées dans une classe régulière de l’Enseignement public, celle des mathématiques élémentaires.

L’Ecole Navale, de ce fait, devenait un peu un collège naval, puisque l’importance de l’enseignement scolaire s’y voyait augmentée. Cette manière de faire était, en principe, acceptable ; elle pouvait même être désirable, mais à la condition expresse qu’elle entraînât une modification de l’organisation de l’Ecole.

De nos jours, deux années d’instruction sont à peine suffisantes à donner l’enseignement maritime et technique ; on ne peut raisonnablement y faire une place à des complémens d’enseignement scolaire.

Réduire le programme d’entrée eût dû conduire, par conséquence, à un abaissement de la limite d’âge des candidats et à une augmentation de deux à trois années du temps de séjour à l’École Navale.

Alors, on pouvait envisager une organisation nouvelle et judicieuse des études, un emploi heureux du temps d’instruction scolaire, maritime, militaire et technique des futurs officiers.

La question ne fut peut-être pas envisagée à un point de vue aussi général, et la réforme réalisée boiteuse montra vite ses inconvéniens.

On était débordé, les réclamations des professeurs se multipliaient et on voulut réagir en révisant à nouveau les programmes d’entrée.

On est donc revenu, à tort ou à raison, à la tradition française où l’Université fournit des sujets tout préparés à recevoir l’enseignement spécial de l’École.

Les programmes ont été modifiés, et les nouveaux textes