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comme aujourd’hui, mais avec le Borda lui-même dont elle ne serait plus qu’une source de recrutement,

Désormais, la Marine discernerait, dans le rang, les jeunes gens dont l’intelligence, au moins dégrossie, serait reconnue capable de se développer, de se cultiver, en même temps que leur conduite, leur tenue et leur caractère seraient jugés satisfaisans.

Ainsi sélectionnés, ils seraient réunis à l’Ecole de Brest transformée, pour y suivre non plus une instruction technique complète, mais bien au contraire, de simples cours de culture générale. Pendant un temps à déterminer, ils seraient instruits et un sérieux examen final désignerait ceux d’entre eux capables de suivre utilement les cours de l’Ecole Navale. Ils y seraient admis purement et simplement. Ainsi la fusion serait opérée dès l’origine ; l’unité d’instruction et de formation serait réalisée, il n’existerait entre les deux provenances qu’une différence d’âge propice à la régularité future de l’avancement.


Nous arrivons au terme de notre étude ; il nous reste à conclure :

Nous avons dit que l’officier de marine devait être un homme de connaissances générales, également instruit et exercé dans toutes les branches du métier maritime militaire, et nous avons ajouté qu’il devait se spécialiser, pendant la première partie de sa carrière, dans l’une de ces branches. Le but de l’Ecole Navale est de réaliser la première partie de cette formation, laissant aux Écoles spéciales le soin de leur intervention ultérieure.

La durée d’instruction d’un officier de marine a été depuis longtemps fixée à trois années : deux années d’études sur le Borda, une année d’application sur la Jeanne-d’Arc.

Des esprits très distingués ont pensé qu’il serait avantageux de modifier profondément le partage de ce temps, de commencer par exemple à faire naviguer les élèves dès leur arrivée à l’Ecole, pour les amariner, leur montrer la mer, ses dangers, ses difficultés, juger leurs aptitudes, éprouver leur vocation ; cette manière de faire, adoptée par les Allemands, se défend, elle ne s’impose pas ; elle correspondrait à une transformation complète de nos idées. Nous n’osons pas l’envisager, et cependant