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quelles que soient les décisions prises par le ministre en vue de l’organisation générale de l’état-major de nos bâtimens, cette organisation ne pourra que respecter les droits de chacun et assurer aux plus dignes les fonctions qu’ils recherchent.

Depuis l’époque où les officiers de vaisseau, méconnaissant leur rôle, dédaignaient l’étude des machines, les idées ont fait du chemin. Les fonctions de commandans de torpilleurs, d’officiers canonniers, d’officiers torpilleurs, d’officiers électriciens, conduisirent les jeunes générations à s’occuper du détail des choses ; d’un autre côté, les cours professés à l’Ecole Navale devinrent de jour en jour plus développés, plus complets ; la pratique des machines, tout en restant encore très insuffisante, fut graduellement augmentée. Les mœurs évoluèrent enfin, la vapeur, l’électricité, les moteurs de toutes sortes devinrent familiers dans l’existence courante. Si l’Ecole Navale complétait heureusement son enseignement, et si un certain nombre d’officiers sortant de son sein se spécialisaient ensuite dans l’étude des machines, on ne peut dire que, à l’imitation des étrangers, nous ne puissions charger des officiers de vaisseau de leur direction et de leur conduite.

Cette délicate question des mécaniciens n’est pas, en effet, exclusivement française ; elle se pose partout à la fois, manifestant ainsi la réalité de l’intérêt qu’elle mérite. En Angleterre, aux États-Unis, en Italie, elle a été résolue de façons différentes et inégalement heureuses.

En Angleterre, on a recherché l’unité de corps en recevant au même titre, à l’Ecole navale, tous les jeunes gens destinés à diriger les services divers des bâtimens de l’État. Leur éducation, leur instruction sont identiques et les jeunes officiers choisissent, à un certain moment, leur spécialité exclusive et presque définitive.

Cette manière de faire n’a, parait-il, pas donné toute satisfaction ; le système manque de souplesse en rendant peut-être la spécialisation trop absolue.

Bien que les officiers supérieurs aient le choix de rentrer dans le cadre général ou de continuer leurs services spéciaux dans les arsenaux, personne ne veut être mécanicien. Il y a sans doute une question de mœurs et d’habitude que le temps résoudra ; la réforme semble, en tout cas, demander des retouches.

En Amérique, la réforme fut plus immédiate, et aussi moins