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une heureuse réaction fit récemment décider la substitution de la Jeanne-d’Arc, croiseur cuirassé, bâtiment de combat, au Duguay-Trouin, ancien transport et simple bâtiment de mer.

C’est une amélioration indiscutable dont on peut profiter pour donner à l’Ecole navigante sa véritable orientation.

L’enseignement doit y être conçu et constamment maintenu en harmonie avec celui de l’Ecole à terre : c’est l’ensemble de ces deux institutions qui constitue l’Ecole Navale, et l’on serait presque tenté, pour éviter un dualisme dangereux, d’enlever à la Jeanne-d’Arc le nom d’École d’application pour lui laisser le nom plus approprié d’Ecole Navale navigante.

L’application, à proprement parler, ne peut en effet être désormais autonome ; elle est trop variée pour se concentrer sur un seul bâtiment, la Marine est devenue trop compliquée, son matériel est trop spécial et un navire isolé est un milieu trop étroit. Il est des applications inévitablement liées à l’exposé de théories qui appartiennent à l’Ecole à terre ; d’autres ne peuvent être suivies efficacement que dans une ambiance particulière, celle des Ecoles de spécialité de la Marine.

Ainsi, dans l’une et l’autre école, tous les besoins d’instruction, de formation des officiers de marine, se manifestent un peu mêlés, un peu confus ; ils demandent à être classés, coordonnés. L’École Navale ne doit pas être révolutionnée ; beau- coup de ses traditions sont excellentes et devront être maintenues ; mais elle veut une réforme importante et raisonnée, inspirée par un examen d’ensemble de sa situation.

Le transport à terre doit y conduire par une révision réfléchie du passé, une interrogation presciente de l’avenir, et une solution définitive des problèmes du présent.

C’est une tâche ardue et laborieuse ; il est indispensable de l’accomplir dans son entier et pour en faciliter l’exécution, pour fixer les idées, rien ne peut être plus utile que de chercher à définir, au préalable, le rôle et la destination de l’officier de marine de nos jours.


L’officier de marine est, avant tout, un homme d’instruction générale, un homme de commandement. Ceux qui connaissent mal ses obligations ont souvent critiqué ses prétentions à l’universalité ; ils lui en ont fait un grief, bien à tort. Cette universalité,