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Nous favorisons l’élection d’un président pour un seul terme de quatre ans ; nous insistons pour demander un amendement de la Constitution ne permettant pas la rééligibilité d’un président, et nous déclarons que le candidat de cette convention prendra cet engagement.


Inutile de dire que cette déclaration était surtout motivée par l’opposition ardente faite à M. Roosevelt ; elle n’en constituait pas moins un engagement qu’il était dangereux-de prendre et qui, quelques semaines plus tard, n’a d’ailleurs pas empêché plus de 4 millions d’électeurs de voter pour la nomination de M. Roosevelt, — qui déjà avait été élu pour un deuxième terme, — à un troisième. M. Wilson a été plus prudent que son parti, et notons en passant que ce n’est pas là le seul exemple qu’il en ait donné. Dans aucun de ses discours, il n’a mentionné cet engagement qui, du reste, avait été pris sans qu’on l’eût consulté ; il reste donc libre, au point de vue de sa propre conscience, de poser dans l’avenir sa candidature, s’il le juge bon. De plus, il s’est toujours opposé à l’idée de limiter la durée de la présidence. C’est ainsi qu’il écrivait vers 1880 : « Notre système est tout à fait astronomique ; l’utilité d’un président n’est point mesurée par sa valeur, mais par les mois du calendrier. Les calculs décident que, s’il a des qualités, il doit durer quatre ans. La faveur de la majorité doit maintenir un président du Conseil ; le président américain n’a, lui, qu’à se laisser vivre... On comprend avec difficulté un raisonnement qui considère comme essentiellement républicain un système à termes courts ; de cette façon, le président est remercié aussitôt qu’il commence à voir clair dans son métier. » Ces lignes n’ont pas été écrites pour la circonstance actuelle, puisqu’elles datent de plus de vingt ans, mais il est plus que probable que M. Wilson n’a pas changé d’avis.

Il se rend certainement compte des difficultés de toutes sortes qui l’attendent à Washington, et de l’importance inaccoutumée que prendra le succès ou la défaite de son administration, vu la crise très critique que traverse la politique intérieure de l’Amérique. Sa position ressemble aujourd’hui à celle où il était lors de son arrivée à Trenton en 1911, mais sur une échelle beaucoup plus grande ; aussi est-il probable qu’il adoptera, autant du moins que cela lui sera possible, les mêmes mesures qu’alors. Il a certainement l’intention d’y faire participer