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n’offrent qu’un faible intérêt pour les Européens. Nous les passerons donc sous silence et nous arrêterons seulement aux questions douanières.

La révision des tarifs tient une place importante. dans le programme démocratique, car, selon M. Wilson, la moitié des monopoles du pays y trouvent leur soutien. Il dit à ce sujet :


Notre intention n’est pas de changer les grandes lignes des questions économiques, mais de demander aux bénéficiaires quels avantages dérivent pour la nation des privilèges extraordinaires qui leur sont accordés... La seule manière de trouver une solution à la question du tarif est de l’envisager au point de vue d’amélioration pour le pays et non pas pour des individus. Associez-le aux intérêts spéciaux, que ces intérêts trouvent en lui leur principal support, et vous ne pouvez plus désormais le séparer de la politique. Si vous en faites simplement une source de contributions publiques, vous l’enlevez à la politique et vous trouvez un solide appui. Je ne dis point que cela doive se faire à la hâte et sans considérer les nombreux intérêts qui s’y rattachent ; ceci est une question différente... Il y a une autre chose dont le tarif est responsable : il a bouleversé toute notre idée de gouvernement. La faute la plus grande du protectionnisme est d’avoir démoralisé nos idées en fait de politique ; il devient un gouvernement établi sur le patronage et le privilège au lieu de l’être sur la justice et l’égalité. C’est un cancer qui ronge tout ce qui l’entoure... Qu’allons-nous faire à présent ? Devenir des révolutionnaires ? Nous déclarerons-nous partisans du libre-échange ? Je voudrais espérer que nos petits-enfans auront le libre-échange, mais je crains qu’ayant les notes du gouvernement fédéral à payer, ils ne l’aient pas... Nous aurons très probablement pendant une période indéfinie nos notes nationales à régler avec les droits d’entrée prélevés dans nos ports. Bien que je ne sois pas pour les mesures violentes, je serais heureux de trouver un moyen pour échapper à cette situation ; mais je dois dire que je n’en vois pas encore la solution. La question ne doit pas être d’après quel principe nous devons agir ; elle est claire : nous devons agir d’après les principes fondamentaux du parti démocrate, et demander non pas le libre-échange, mais un tarif pour le revenu public ; nous devons arriver à cette solution de manière à ne point compromettre la stabilité et la sécurité des intérêts du pays.


On sent la portée de ces déclarations. Mais l’on trouvera les plus récentes opinions de M. Wilson sur tous les sujets qui touchent à la politique du jour dans un volume qui vient d’être publié : il est composé principalement de discours prononcés par lui depuis son élection en novembre dernier. C’est encore là une nouveauté : loin de se taire depuis son élection, M. Wilson n’a pas cessé de parler et d’écrire. Nous n’avons plus dans son livre les idées d’un candidat en quête de voix, mais