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II

Nous pourrions pousser plus loin l’étude des travaux qui ont assigné à M. Wilson un rang distingué parmi les publicistes américains, mais il est temps de le voir dans le domaine de l’action. M. Wilson est un exemple rare dans une démocratie d’un homme qui a poursuivi depuis sa jeunesse toutes les études propres à former un homme politique et, au besoin, un chef d’État. Avant sa vingtième année, lorsqu’il était encore étudiant à Princeton, les tendances de son esprit le portaient déjà vers l’histoire, la politique, le droit constitutionnel, et depuis il n’a cessé de suivre cette voie. L’ardeur qu’il mettait à ce genre de travaux se révélait déjà d’une façon intéressante. Ses camarades lui reconnaissaient un vrai talent de discussion.il devait un jour prendre part à un débat entre les deux factions rivales des étudians ; le sujet proposé était « le libre échange et le protectionnisme. » Le.sort fit échoir au jeune Wilson la défense du protectionnisme, mais ses convictions étaient tellement en faveur de la thèse contraire, qu’il refusa de prendre part au tournoi. Son groupe fut vaincu, et tous admirent que la cause de cet échec venait de l’abstention du jeune homme que sa conscience empêchait de parler contre ses principes.

Reçu bachelier à Princeton, il entra, en 1883, à l’Université Johns Hopkins, à Baltimore, où il se fit une spécialité de l’histoire et de l’économie politique. C’est là qu’il écrivit son essai sur Adam Smith et son livre Congressional Government, dont le succès fut très grand et qui a aujourd’hui atteint sa quinzième édition. Cette œuvre fut présentée comme thèse de doctorat. M. Wilson fut alors demandé comme professeur par plusieurs universités. Il professa en effet dix-sept ans, enseignant l’histoire, l’économie politique, la politique américaine, la jurisprudence, le gouvernement constitutionnel. Il était à l’université wesleyenne, à Middletown, lorsqu’il entreprit un ouvrage, The State, consacré, comme l’indique le sous-titre, aux « notions de la politique historique et pratique. » Cet ouvrage lui demanda un immense labeur.

En 1890, il accepta la chaire de jurisprudence et de politique à l’Université de Princeton et c’est là qu’il se familiarisa avec la politique courante. Il rendit, par un libre examen des