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LE NOUVEAU PRÉSIDENT DES ÉTATS-UNS
SON CARACTÈRE, SES OPINIONS, SES MÉTHODES

Le nouveau président des États-Unis, M. Woodrow Wilson, est entré à la Maison-Blanche le 4 mars dernier : avec lui revient au pouvoir le parti démocrate qui en avait été renversé il y a seize années et qui, depuis, avait, tous les quatre ans, lutté en vain pour y remonter. Les détails de la dernière lutte électorale sont encore trop récens pour qu’il soit nécessaire de les rappeler. Des trois candidats en présence, M. Taft, M. Roosevelt et M. Wilson, le dernier, qui devait remporter la victoire, était le moins connu. Il n’avait ni la grande renommée de M. Roosevelt, ni la notoriété que donnait à M. Taft une présidence de quatre années. Sa vie cependant avait été bien remplie et il avait donné dans l’exercice de plusieurs fonctions administratives et politiques des preuves d’activité, de capacité et surtout de volonté. Homme d’étude, jurisconsulte éminent, sociologue distingué, il avait montré sur un théâtre de second ordre qu’il pouvait jouer un rôle sur un plus grand. Favorisé par les circonstances, aidé surtout par la division que l’intervention véhémente de M. Roosevelt avait créée dans le parti républicain, soutenu par un parti qui avait su, au contraire, rester uni, il s’est appliqué dans ses discours à donner satisfaction aux tendances nouvelles qui se manifestent d’une manière encore un peu confuse, mais ardente et puissante, dans l’opinion américaine. Des trois candidats à la présidence nous ne savons pas très bien quel est celui qui est allé le plus loin dans la voie du radicalisme, mais assurément M. Wilson n’est pas resté en deçà de ses concurrens. Il y a donc lieu de croire que l’Amérique entre dans une phase importante