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calcium, qui a donné naissance à une vaste industrie, d’abord parce qu’il produit de l’acétylène par simple contact avec l’eau, ensuite parce qu’en fixant l’azote pur, il fournit la cyanamide dont nous avons déjà parlé et dont plus de 100 000 tonnes par an sont aujourd’hui fabriquées.

Si nous citons encore le carborandum ou carbure de silicium, qui résulte de la combinaison au four électrique du sable (ou silice) et du charbon, et dont la dureté supérieure à celle de l’émeri a généralisé l’emploi comme abrasif, nous aurons, je pense, donné une idée des progrès importans réalisés dans cette voie nouvelle.


Des carbures métalliques aux carbures d’hydrogène, qui sont les corps fondamentaux de la chimie organique, il n’y a qu’un pas. La chimie organique a eu dans les premiers temps de son existence, — lorsque Wœhler synthétisa l’urée, puis Berthelot les carbures benzéniques, — l’avantage très important de nous montrer que les substances qui forment les êtres vivans, ou du moins celles qui sont émises par eux, ne diffèrent pas essentiellement, — au moins au point de vue chimique, — des substances du monde minéral. D’aucuns ont cru qu’on avait trouvé ainsi la clef de ce mystère émouvant qu’on appelle « la vie ; » d’autres plus modestes se contentent d’espérer qu’on la trouvera plus tard dans cette voie. C’est une grande ambition.

En attendant de pouvoir la satisfaire, bornons-nous à remarquer que, dans un ordre d’idées un peu plus terre à terre, sinon moins utile, la chimie organique a bouleversé les conditions économiques de la société en fournissant à l’homme le moyen de créer un grand nombre des substances qu’il emploie et que seule auparavant la Nature lui fournissait.

Le nombre des composés organiques réalisés par la chimie dépasse aujourd’hui 100 000, et il n’y a aucune raison pour que leur nombre cesse de s’accroître indéfiniment, car il est théoriquement infini. Les substances organiques contiennent toutes du carbone et de l’hydrogène auxquels viennent s’ajouter chez beaucoup d’entre elles, et généralement en moindres proportions, l’oxygène, l’azote, d’autres élémens encore. Pour prendre le cas le plus simple, celui des carbures d’hydrogène qui ne renferment que celui-ci et le carbone, on peut, semble-t-il, de la façon suivante expliquer pourquoi leur nombre est indéfini :

Si on veut nous permettre une comparaison un peu simpliste, nous