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de ces lampes provient de ce que leurs filamens sont portés à une température très haute ; on sait en effet que le rapport qui existe entre les quantités de lumière et de chaleur émises par un corps incandescent croît avec la température. Or ces métaux peuvent, grâce à leurs points de fusion très élevés, résister à des températures énormes. A titre d’exemple, on a indiqué, dans le tableau suivant, ces points de fusion pour deux de ces corps, le tantale et le tungstène, en regard de ceux de quelques autres métaux.


Température de fusion.
Étain 233°
Argent 954°
Or 1 064°
Cuivre 1 084°
Fer 1 500°
Platine 1 775°
Tantale 2 910°
Tungstène 3 080°

Qu’il nous suffise, sans entrer dans le détail, de dire aujourd’hui à titre d’exemple qu’un seul kilogramme de tantale suffit à fournir des filamens pour environ 45 000 lampes à incandescence.


La synthèse chimique, c’est-à-dire la préparation artificielle des corps composés d’élémens différens, a fait également des progrès remarquables. Cela ne veut point dire que nous soyons beaucoup mieux renseignés que n’étaient les anciens sur cette force mystérieuse qui combine entre eux certains corps avec plus ou moins de violence lorsqu’on les met en présence.

Pourquoi, lorsqu’on projette un morceau d’or dans l’acide azotique, — l’eau-forte des graveurs, — ne se produit-il aucun phénomène, alors qu’on observe, s’il s’agit d’un morceau de cuivre, une vive effervescence, avec dégagement de chaleur et destruction du cuivre ? On dit que c’est parce que le cuivre et l’acide azotique ont de l’affinité l’un pour l’autre. Mais, quand on a lâché ce mot magique on n’a rien expliqué du tout, car on ne sait pas ce qu’est au fond l’affinité.

Quand, — si on veut me permettre une image familière à Sainte-Claire Deville, — quand on met en présence un chien et un os, que se Passe-t-il au point de vue expérimental : l’os et le chien se rapprochent progressivement, puis finissent par ne plus faire qu’une seule masse ;