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les espèces qui lui seront remises en monnaie française. De nouvelles facilités sont données chaque jour aux échanges : par deux fois les délégués des principales nations du globe se sont réunis à La Haye pour essayer d’unifier les règles qui président à la création et à la négociation des lettres de change et des chèques. Nous ne mentionnons que pour mémoire les conventions postales et télégraphiques qui ont depuis longtemps aplani les voies entre les peuples et qui contribuent tant à multiplier les communications.

Tous les progrès réalisés dans le transport des marchandises, des individus, de la pensée elle-même dévorant en quelques secondes des espaces qui ne sont plus limités que par les dimensions du globe, accroissent naturellement la mobilité des capitaux et leur inspirent cet amour des voyages qui est aujourd’hui si développé chez les humains. A peine un chemin de fer est-il ouvert en Chine, aux Indes, en Afrique, que les indigènes, jaunes, rouges ou noirs, se précipitent dans les voitures et satisfont ainsi un besoin de locomotion qui n’est pas l’apanage des seuls hommes civilisés. Il en est de même pour les espèces monnayées, pour les lingots d’or et d’argent, que de faibles variations du change promènent à travers les océans, d’un continent à l’autre, pour les capitaux qu’elles représentent et qui eux aussi, avec plus de facilité et de rapidité encore, au moyen d’une lettre, d’un télégramme ou d’un câble, émigrent d’un bout à l’autre de la terre. Les statisticiens sont impuissans à nous renseigner sur le volume des transactions de cette nature qui s’effectuent journellement ; mais nous pouvons affirmer qu’il ne cesse de croître. Il grandit, non seulement en proportion du développement en commerce extérieur qui est en augmentation régulière chez la plupart des nations, mais aussi en raison de l’activité financière toujours bouillonnante qui se manifeste sur les diverti marchés du monde : elle a pour alimens des dettes publiques, dont le total se gonfle chaque année, les actions et obligations des sociétés particulières, enfin l’ensemble de ces disponibilités qui tendent de plus en plus à se concentrer dans les banques, où elles servent à l’escompte et aux avances à court terme. Dans cette dernière catégorie viennent se ranger les encaisses des Trésors publics, appelés à jouer sur ce domaine un rôle d’autant plus important qu’ils disposent de ressources plus considérables.