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nature spéciale, à échéance indéterminée, destinées à payer les réquisitions militaires opérées au cours de la campagne. La Serbie a procédé à des émissions semblables. La Grèce s’est fait consentir une avance par un syndicat composé de la Banque nationale d’Athènes et de banques françaises et anglaises.

Les émissions de billets à cours forcé sont l’un des systèmes auxquels les gouvernemens ont le plus volontiers recours, parce qu’il est le plus aisé à pratiquer. Il n’exige en effet le concours d’aucun tiers : une décision arbitraire, mais souveraine, de l’État suffit pour imposer à chaque citoyen l’obligation d’accepter en paiement le papier-monnaie, tandis qu’un bon du Trésor ou un titre de rente (sauf les cas extrêmement rares d’emprunt forcé) ne peuvent s’aliéner que s’ils trouvent des acheteurs. Ce n’est pas ici le lieu d’entrer dans le détail de ces créations de billets, qui ont été fréquentes dans le passé et qui font encore aujourd’hui partie du système monétaire de bien des pays. Nous rappellerons seulement que, pour se rendre compte de la situation d’un Trésor public, on doit mettre à son passif les billets au porteur qu’il a lancés dans la circulation, ou ceux qu’il a fait créer à son profit par une banque. Ils apparaissent de deux façons différentes dans les écritures de l’établissement qui les revêt de sa signature : ou bien ils sont portés dans un chapitre spécial, qui mentionne le fait qu’ils ont pour origine une avance à l’État ; ou bien ils restent confondus dans la masse de la circulation qui figure à la charge de la banque. Celle-ci, d’autre part, inscrit à son actif la créance qu’elle a sur le Trésor, à partir du moment où elle s’est endettée pour lui. Parfois les deux espèces de billets, c’est-à-dire ceux que l’État crée directement et ceux que les banques émettent pour son compte, existent simultanément : c’est ainsi que le Trésor italien, a plus d’une reprise, avait fait usage du droit qu’il a d’obliger les banques d’Italie, de Naples et de Sicile à procéder à des émissions pour son compte, en même temps qu’il maintenait en circulation ses propres billets, dont le montant s’élève aujourd’hui à 500 millions de lire. En Grèce, la Banque Nationale, sur une circulation d’environ 225 millions de drachmes, en a émis pour compte de l’État 61, qui figurent à son bilan sous une rubrique spéciale du passif. Une créance sur l’État de même importance est inscrite à l’actif.

D’une façon générale, il est essentiel de connaître la nature