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IV. — LES TRESORS ENDETTÉS

Nous avons, dans les pages qui précèdent, étudié la gestion de Trésors publics qui sont habituellement détenteurs de fonds, soit qu’ils possèdent une encaisse métallique, soit qu’ils aient des sommes plus ou moins élevées à leur crédit chez les banques nationales ou étrangères. Nous avons montré l’action puissante qu’ils sont à même d’exercer sur les marchés indigènes et parfois sur ceux du dehors. Mais tous ne sont pas dans cette situation florissante, loin de là. Nombreux sont ceux qui, au lieu d’excédens budgétaires, ont en face d’eux des déficits et qui, non seulement n’ont pas à se préoccuper de placer temporairement leurs disponibilités, mais doivent chercher à se procurer des ressources. Chez certaines nations, le déficit est chronique et les amène à recourir à toute sorte d’expédiens. Chez d’autres, il est provoqué par des circonstances exceptionnelles, qui entraînent des mesures passagères, peu différentes d’ailleurs de celles qui sont dues à des causes permanentes.

Les besoins budgétaires se couvrent en général de quatre façons : par des rentes, par des bons du Trésor, par des billets à cours forcé, par des avances que consentent au gouvernement les instituts d’émission. Ces deux dernières présentent du reste de grandes analogies. Nous ne parlons pas des impôts, qui sont la façon la plus immédiatement douloureuse pour les contribuables, mais la meilleure au point de vue financier et moral, de combler les déficits. Nous ne nous arrêterons pas à la première des solutions indiquées, parce que le résultat de la souscription à un emprunt est de faire entrer dans les caisses publiques des capitaux dont l’emploi est généralement déterminé d’avance : ces sommes d’ailleurs ne sont pas remboursables, s’il s’agit de rentes perpétuelles, ou bien ne sont exigibles qu’à long terme, quand les obligations sont amortissables par une série de tirages échelonnés, ou payables en bloc à une date éloignée. C’est sur les émissions de bons du Trésor, de billets de Banque ou d’Etat qu’il convient de fixer notre attention, parce que ce sont là des modes de se procurer des ressources qui exercent une action déterminante sur la Trésorerie d’un État, aussi bien au moment de leur création qu’à celui de leur remboursement.