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fournir des ressources au marché de Berlin, qui ne dédaigne pas cet appoint, à une époque où le taux d’escompte y dépasse 6 pour 100 et où celui des avances sur titres atteint par momens 8 et 9 pour 100.

La Chine, ou plutôt certains de ses conseillers financiers, envisagent une solution analogue à celle qui a été adoptée de tant de côtés divers. Le problème y est plus difficile et plus compliqué qu’ailleurs à cause de l’immensité du territoire, du nombre des habitans, et de la variété des monnaies en usage. Bien que le Gouvernement impérial ait commencé, il y a quelques années, à frapper un dollar dont il espérait faire le type monétaire, les échanges continuent à se régler au moyen de lingots d’argent, de sapèques, de monnaies et de billets étrangers. M. Vissering, aujourd’hui directeur de la Banque des Pays-Bas à Amsterdam, qui avait antérieurement été appelé à donner son avis sur la question, proposait de commencer par essayer d’unifier la monnaie et de créer une pièce d’argent qui fût acceptée sur le plus grand nombre possible de points du territoire. Une fois que l’usage en serait généralisé, on recourrait au système du fonds d’échange constitué à l’étranger, pour fixer la valeur de cette pièce par rapport aux monnaies d’or.

Parmi les pays qui sont actuellement préoccupés d’établir chez eux l’étalon d’or, on peut citer l’Espagne. M. Navarro Reverter, naguère ministre des Finances, a déposé le 10 décembre 1912 un projet de régularisation du change, qui ne semble pas conforme aux principes consacrés par l’expérience de nombreuses nations. Il aurait dû prévoir la formation d’une réserve à l’étranger, au moyen de laquelle le Trésor eût fourni à ceux qui les réclament des traites payables en or, et fait disparaître, dans un temps donné, la perte de 6 à 7 pour 100 que la peseta subit encore par rapport au franc. Au lieu de cela, M. Reverter proposait d’immobiliser à Madrid une certaine quantité d’or et d’émettre des billets spéciaux, dits « de la Banque et du Trésor, » en représentation de cette encaisse. Nous serions étonnés que cette combinaison eût le résultat désiré. Nous la citons comme exemple d’une méthode différente de celle qui a été suivie avec succès en mainte circonstance. Son échec probable sera une démonstration a contrario de la justesse du procédé généralement admis. Le successeur de M. Reverter, M. Suares Inclan, parait d’ailleurs avoir renoncé au projet.