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Certaines nations ont, de convention expresse, imposé cette charge à l’institut d’émission. C’est ainsi que la Banque austro-hongroise est, de par un article de ses statuts, tenue de maintenir les changes de la monarchie à la parité de leur valeur en or, bien qu’elle ne soit pas obligée de rembourser ses propres billets en métal. C’est par cette voie indirecte que la valeur de l’unité austro-hongroise, la couronne (1 fr. 05 de notre monnaie), est sauvegardée. La Banque nationale réussit à le faire en ayant recours à des procédés analogues à ceux qu’emploient les Trésors publics de l’Inde ou du Mexique.

Parmi les pays qui sont entrés dans la même voie, nous citerons encore la colonie anglaise des Détroits (Straits Settlement). Le gouvernement s’y est déclaré prêt à échanger les monnaies divisionnaires contre de l’or. Dès 1906, il a limité les variations de la piastre locale en annonçant qu’il achèterait des transferts sur Londres à 2 shillings 4 pence 5/16 et qu’il en vendrait à 2 shillings 3 pence 11/16, c’est-à-dire qu’il donnerait ou prendrait de la monnaie locale avec un écart de moins de deux pour 100 entre les prix extrêmes. Les bénéfices réalisés de ce chef, aussi bien que ceux qui résultent de la frappe des pièces d’argent, sont versés au fonds spécial de la réserve d’or, qui est gardé à Londres.

Le gouvernement des Philippines a fixé la valeur du dollar des iles en se déclarant prêt à acheter et à vendre des remises sur New-York en échange de la monnaie locale, avec un écart représentant les frais d’expédition des espèces et la perte d’intérêts. La tâche n’a pas été aisée, à cause de l’excédent des importations dans l’archipel, où il y a constamment des demandes de traites sur les États-Unis, tandis que, le mouvement en sens contraire étant beaucoup moins important, les mandats sur les Philippines ne se vendent guère. Il n’en est que plus nécessaire pour le Trésor philippin d’avoir des disponibilités considérables en Amérique.

D’une façon générale, ces organisations tendent vers un but monétaire, tandis que l’objectif des nations qui, ayant l’étalon d’or, se constituent des réserves à l’étranger, est un but financier. Les pays qui ont une monnaie d’argent ou de papier doivent veiller constamment au maintien de la valeur de leur unité monétaire et ne peuvent y réussir que grâce à deux procédés : limiter la circulation des pièces blanches ou des billets