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le cours des monnaies étrangères de s’élever au-dessus d’un prix qui dépasserait 1 milreis pour 16 pence. Inversement, si les offres de ces dernières abondent, le Gouvernement les achète au moyen de billets que la Caisse de conversion est autorisée à créer, jusqu’à concurrence de 900 millions de milreis. De cette façon, il arrête les oscillations dans les deux sens. Il ne serait gêné dans son action que le jour où la limite d’émission de 60 millions de livres sterling (équivalent, à 16 pence, de 900 millions de milreis) serait atteinte. Il est probable qu’elle serait alors élevée pour la seconde fois, comme elle l’a déjà été, en 1911, de 20 à 60 millions sterling.

Les sommes accumulées en Europe et destinées à ces opérations ne constituent pas, aux mains du ministre des Finances brésilien, une arme de même nature que celles dont dispose son collègue russe. Le remboursement des billets de crédit étant assuré par la Banque de Russie, ce dernier n’a pas à se préoccuper de maintenir par des procédés, dans une certaine mesure artificiels, la valeur du papier qui circule dans l’empire, et peut donc employer à son gré ses dépôts à l’étranger. Le ministre brésilien, au contraire, doit les tenir toujours prêts à servir de régulateurs au change, puisque la grande masse du papier-monnaie n’est pas encore remboursable aux guichets d’un institut d’émission et que, si les porteurs de billets libellés en milreis (autres que ceux de la Caisse de conversion) voulaient les échanger contre de la monnaie étrangère, sans y réussir, une dépréciation de ces billets en résulterait infailliblement. Mais le fait n’en est pas moins que le Trésor brésilien est régulièrement créditeur sur des places européennes de sommes qui sont sa propriété. Un ministre, poussé par le désir d’élever la valeur de la monnaie brésilienne et de la rapprocher de son point d’origine, c’est-à-dire 27 pence, a voulu en 1910 aliéner brusquement la majeure partie de ces réserves, comptant bien que l’offre soudaine d’une quantité considérable de monnaie étrangère la ferait baisser par rapport au billet brésilien. Cela s’est produit en effet et le milreis s’est élevé un moment à 18 pence. Mais le danger de cette politique n’a pas tardé à se manifester, et le successeur de M. Bulhoes est sagement revenu au programme de stabilisation à 16 pence.

Le Mexique a résolu un problème quelque peu différent par un procédé qui n’est pas sans analogie avec celui que nous venons