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créances susceptibles d’être transformées en espèces suffit pour écarter le danger d’une dépréciation de l’étalon, bien que le chiffre de la circulation des roupies monnayées et des billets indiens soit très supérieur à celui des réserves londoniennes.

Le Brésil, dont la monnaie avait été fortement dépréciée, voulut, il y a quelques années, donner une valeur fixe à son milreis, sans lui rendre toutefois celle qu’il avait à l’origine ni même celle qu’il avait conservée pendant une longue période, après qu’il eut été réduit de moitié par rapport au milreis portugais, auquel il était primitivement identique. Après diverses tergiversations, il s’est décidé pour un cours de 16 pence de monnaie anglaise, soit environ 1 fr. 65 de notre monnaie. Par une coïncidence tout à fait fortuite, cette valeur est identique à celle qui a été assignée à la roupie. Pour arriver à donner au milréis cette valeur et la lui conserver, le gouvernement brésilien a eu recours à un procédé qui a été employé également ailleurs et qui paraît devoir devenir classique pour ménager la transition du régime du papier-monnaie à celui d’un étalon métallique, nous voulons parler de la Caisse de conversion. C’est un établissement gouvernemental qui reçoit de l’or et délivre en échange des billets au taux fixé par la loi monétaire. Dans le cas qui nous occupe, la Caisse de conversion de Rio de Janeiro, en échange de chaque poids d’or fin équivalant à celui que contiennent 16 pence de monnaie anglaise, délivre un billet de 1 milreis, et elle est toujours prête à rembourser ses billets en donnant au porteur le même poids d’or. Elle habitue ainsi le pays à se servir d’un instrument d’échange dont la valeur est immuable, et elle y réussit d’autant mieux que cette valeur se rapproche davantage de celle que le cours des changes avec l’étranger assignait depuis quelque temps à l’unité monétaire, représentée par une masse de billets émis antérieurement. La valeur de cette unité est mesurée par les oscillations du change qui l’expriment en or, ou, ce qui revient au même, en monnaie de pays où règne l’étalon d’or.

Pour assurer la parité de ces billets à cours forcé, de ce papier inconvertible avec celui qui émane de la Caisse de conversion, le gouvernement fédéral a constitué en Europe une réserve métallique, un fonds d’échange, grâce auquel il peut servir les demandes de livres sterling, de francs, de reichsmarks, qui se produisent sur le marché brésilien, et empêcher par conséquent