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frapper le nombre de pièces qu’il jugerait nécessaire pour répondre aux demandes qui lui seraient adressées. Peu de temps après la mise en vigueur de cette législation, le change entre Londres et Calcutta s’établit aux environs de 16 pence : il ne s’en est plus écarté. Dès ce moment on pouvait dire que la monnaie indienne, matériellement représentée par des roupies d’argent, avait une valeur invariable en or. Pour mieux assurer cette équivalence, le Gouvernement indien a constitué à Londres deux réserves, celle dite de la circulation et celle de l’étalon d’or. Celle-ci est constituée au moyen des bénéfices que le Gouvernement réalise sur les frappes d’argent, puisque la valeur monétaire des roupies n’a pas cessé d’être supérieure à celle du métal dont elles sont faites. Elle atteignait récemment un demi-milliard de francs, et sert aux autorités indiennes à fournir, à ceux qui lui en font la demande, soit de l’or, soit des traites sur Londres, contre les roupies d’argent ou les billets payables en argent qu’on leur remet. C’est un moyen efficace d’empêcher toute dépréciation de l’étalon monétaire. D’autre part, le Gouvernement a également placé à Londres une partie du fonds destiné à servir de couverture à la circulation des billets indiens. Il se trouve ainsi avoir à sa disposition des sommes considérables : il ne les conserve pas exclusivement sous forme d’or monnayé ou en lingots ; il en consacre une partie à l’achat de consolidés anglais, dont les intérêts viennent s’ajouter au capital déjà réuni. Ces titres jouissant d’un large marché peuvent en cas de besoin être aisément réalisés, transformés en espèces et sont dès lors considérés comme équivalant à ces dernières.

Du chef de ces achats et aussi d’emplois temporaires effectués sur la place de Londres, une action notable est exercée sur le marché monétaire anglais, qui ne verrait pas sans déplaisir ce supplément de ressources lui être retiré. C’est peut-être là une des raisons pour lesquelles l’adoption définitive et complète de l’étalon d’or aux Indes est retardée : le jour en effet où la frappe de l’or et l’échange des billets contre de l’or y seront officiellement décrétés, il faudra expédier en Asie des quantités importantes de métal jaune, ce qui affaiblirait d’autant la situation de la mère patrie. Actuellement, le fait que les autorités financières de Calcutta, de Bombay et des autres métropoles de l’Hindoustan ont à leur disposition des livres sterling ou des