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Les dépenses considérables qui se poursuivent pour le canal de Panama ont affaibli sa situation relativement à ce qu’elle était il y a quelques années. Les ministres des Finances qui se sont succédé à Washington ont suivi des lignes de conduite variables, les uns inclinant à ne pas se dessaisir de leur encaisse, les autres mettant libéralement à la disposition du marché la majeure partie de leurs ressources. Cette diversité de tactique n’était pas seulement due à des conceptions différentes du devoir à remplir, mais aussi aux circonstances. Lorsqu’en 1907 le gouvernement du président Roosevelt se trouva en présence d’un marché désemparé, il dut, quelles que fussent ses idées théoriques sur le rôle du Trésor, courir au plus pressé et essayer d’enrayer la panique en multipliant les secours aux banques nationales. Quelle que soit d’ailleurs la politique suivie à Washington, le trait distinctif en est qu’elle demeure strictement américaine : jamais encore le secrétaire du Trésor n’a songé à laisser d’une façon permanente au dehors une fraction quelconque de ses fonds disponibles. Si la diplomatie du secrétaire d’État a des visées qui dépassent de beaucoup les frontières, cependant bien vastes, de la République, elle n’a pas jusqu’ici paru songer à se servir des armes financières qu’elle pourrait brandir et qui seraient d’un calibre supérieur à la moyenne. L’énorme réservoir d’or qu’est la Trésorerie fédérale reste jusqu’ici exclusivement affecté aux besoins de la circulation intérieure.


III. — DÉPÔTS EFFECTUÉS A l’ÉTRANGER DANS UN DESSEIN MONÉTAIRE

A côté de ces Trésors qui accumulent et conservent des ressources importantes en vue d’éventualités politiques ou financières, il en est d’autres qui, par les mêmes moyens, poursuivent un but différent et pour qui la disposition d’une encaisse importante et de crédits de banque à l’étranger constitue le moyen d’assurer la fixité de leur étalon et de régulariser les changes. Tel est le cas de l’Inde, du Mexique, du Brésil, des Philippines ; tel sera demain sans doute celui de la Chine, si elle écoute les avis de certains de ses conseillers financiers qui voudraient la voir adopter une unité monétaire représentée matériellement par des pièces d’argent, mais toujours échangeable contre un certain poids détermine de métal jaune. Ce système