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La même loi de 1900 ordonne que le Trésor fédéral conserve toujours une encaisse de 150 millions de dollars, qui, dans la pensée du législateur, s’applique plus spécialement à la couverture des 346 millions de greenbacks, et représente une proportion de 43 pour 100 de métal par rapport à la circulation. Si ce chiffre de 150 millions venait à être entamé et à tomber au-dessous de 100 millions, il devrait être émis des rentes fédérales jusqu’à concurrence de la somme nécessaire pour reconstituer cette réserve. Celle-ci est aujourd’hui fort au-dessus de la limite minimum ; au 30 juin 1914, en dehors des 150 millions légaux, le Trésor détenait en effet pour 148 millions de monnaies d’or, de dollars et de certificats d’argent, de billets des États-Unis (greenbacks), de billets des banques nationales. Nous ne parlons que pour mémoire des 994 millions de dollars d’or, des 466 millions de dollars d’argent, qui, à la même date du 30 juin 1911, reposaient dans les caves fédérales de Washington. Ce formidable stock de plus de 7 milliards et demi de francs, dont deux tiers en métal jaune, était un simple dépôt aux mains de la Trésorerie. Mais l’encaisse de 148 millions de dollars (770 millions de francs) du fonds général constituait une véritable disponibilité : les montans confiés par le secrétaire du Trésor à ses correspondans s’ajoutaient à ce chiffre.

Nous avons vu que, depuis la liquidation des banques des Etats-Unis qui, à deux reprises différentes, avaient paru destinées à devenir des institutions d’Etat, la Trésorerie fédérale gère elle-même ses fonds. Elle le fait de deux façons : elle en garde une partie dans ses coffres, elle dépose l’autre à son crédit chez un certain nombre de banques nationales, préalablement désignées à cet effet. C’est par cette dernière opération que la Trésorerie américaine intervient sur le marché des capitaux : comme les dépôts de cette nature se sont fréquemment élevés à des sommes considérables, l’effet en a été très sensible, et il y a lieu de ranger le secrétaire de la Trésorerie à Washington parmi les personnages dont l’influence est prédominante sur la situation monétaire. La loi de 1864 sur les banques nationales l’autorise à déposer une partie de ses fonds dans les banques, lesquelles doivent lui remettre en garantie un cautionnement d’obligations fédérales ou d’autres titres, agréés en vertu de dispositions postérieures à la loi originaire. En 1879, les dépôts atteignirent jusqu’à 279 millions de dollars. L’énormité de