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en or, aux caisses publiques, en fait depuis les années qui suivirent la fin de la guerre, et en droit depuis la loi de reprise des paiemens en espèces de 1875, confirmée par celle de 1900. A côté de ces greenbacks circulent les certificats d’argent, créés en représentation des dollars de métal blanc, qu’il est loisible à chacun de déposer à la Trésorerie de Washington, en demandant en échange les billets fédéraux. Enfin, le Trésor délivre des certificats d’or à tous ceux qui lui confient des dollars d’or : il a même été autorisé, par la loi du 2 mars 1911, à créer des certificats contre dépôt de lingots d’or et de monnaies d’or étrangères, à la condition que ces lingots et monnaies d’or étrangères ne représentent pas plus du tiers de l’encaisse qui garantit le total des certificats en circulation. Ces certificats d’or, émis contre lingots ou monnaies étrangères, ne diffèrent d’ailleurs en rien des autres et sont également remboursables en pièces d’or américaines.

Quelle est la situation du Trésor américain vis-à-vis de ces différens papiers qui portent sa signature ? Les certificats d’or sont mathématiquement représentés par un dépôt de dollars ou de lingots en quantité égale à celle des certificats : ils ne sont donc qu’une sorte de récépissé et ne constituent pas, à proprement parler, un engagement. L’article 6 de la loi de 1900 dit textuellement : « Les monnaies ainsi déposées doivent être conservées dans les caisses du Trésor et affectées exclusivement, sans qu’on puisse s’en servir pour d’autres usages, au remboursement à vue desdits certificats. » Elles y figurent à titre de fidéi-commis, en trust, selon l’expression officielle.

Les certificats d’argent devraient théoriquement n’être aussi que la représentation des pièces de métal blanc immobilisées à Washington : mais le problème se complique ici, parce que les Etats-Unis ont voulu que tous leurs instrumens de circulation fussent sur le même pied, et que ce résultat n’a pu être obtenu que par l’assimilation des certificats d’argent aux greenbacks, qui sont remboursables en or. Dès lors, les certificats d’argent le sont aussi : c’est ce que déclare implicitement la loi du 14 mars 1900, dont l’article 1er porte ce qui suit : « Le dollar, formé de 25 grains 8 dixièmes (1gr, 86) d’or à neuf dixièmes de fin, est reconnu comme étalon de valeur, et toutes les sortes de monnaies émises ou frappées par les États-Unis devront être maintenues à la parité de la valeur de cet étalon. »