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directement du Trésor, c’est dans la comptabilité générale de la Confédération qu’ils figurent ; les réserves qui en assurent le remboursement sont confondues dans son actif, bien que, depuis le commencement du XXe siècle, un montant déterminé ait été plus spécialement affecté à leur garantie. Nous nous trouvons donc en présence d’une intervention encore plus directe des fonctionnaires dans le mécanisme financier du pays.

La question de savoir comment doivent être gérés les fonds disponibles de la Confédération a été agitée depuis longtemps aux États-Unis. Des volumes ont été écrits sur ce qu’on a appelé la Trésorerie indépendante, c’est-à-dire la gestion des deniers publics en dehors de tout établissement particulier. Le problème se présente, dans la grande République, sous un aspect différent de celui qu’il revêt dans la plupart des pays européens : on ne retrouve pas chez elle cet institut central d’émission, doté de privilèges ou investi d’un monopole, qui est en général le banquier naturellement désigné pour servir de dépositaire aux fonds publics, et même de caissier au ministère des Finances. Là où existe une Banque de France, une Banque d’Angleterre, une Banque de Belgique, rien n’est plus simple que de lui confier la majeure partie, ou même la totalité, de l’encaisse gouvernementale. Aux États-Unis, il avait bien été fondé, à la fin du XVIIIe siècle, une Banque de l’Amérique du Nord, qui parut alors devoir prendre un rôle prépondérant, et ensuite, en 1816, sous les auspices du président Madison, une Banque des États-Unis, au capital de 35 millions de dollars (182 millions de francs), dont un cinquième fut souscrit par la Confédération. Mais, au bout de peu d’années, elle se vit en butte à l’hostilité du président Jackson et finit par liquider. Depuis lors, aucun établissement n’a reçu de monopole d’émission. Au contraire, la loi fédérale de 1862 a accordé le droit de lancer des billets dans la circulation à toute société qui s’organise conformément à ses prescriptions ; à la faveur de cette législation, plus de 7 000 de ces banques, dites nationales, fonctionnent et ont une circulation de près de 700 millions de dollars environ 3 600 millions de francs).

La Trésorerie fédérale, de son côté, répond d’une circulation tripartite qui a les origines suivantes : 347 millions de dollars dits greenbacks sont des billets émis au cours de la guerre de Sécession, qui eurent alors cours forcé, mais qui sont remboursables