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puisse concevoir. Il est intéressant de constater que l’empire des tsars est, sous ce rapport, le mieux outillé des États européens.

Pour retrouver une puissance comparable, il faut passer l’Atlantique et examiner la situation de la communauté qui possède une plus grande somme de richesse qu’aucune autre nation du globe. Auparavant, nous dirons un mot de la trésorerie d’une nation dont le nom vient naturellement à l’esprit lorsqu’on a parlé de la Russie, de celle qui fut il y a huit ans son adversaire heureux sur les champs de bataille de la Mandchourie. Le Trésor japonais a généralement un dépôt assez important à la Banque du Japon. Celle-ci, à son tour, remet une partie de cette somme à son agence de Londres, qui la fait valoir et la distribue à cet effet entre un certain nombre de banques anglaises. Parfois elle les emploie à acheter des lions de l’Échiquier, et ce n’est pas une des moindres curiosités de la finance moderne que de voir un Gouvernement asiatique, qui n’a pris sa place parmi les grandes puissances que depuis un demi-siècle à peine, venir en aide au Trésor du pays dont la suprématie économique a longtemps passé pour un dogme incontesté.


II. — ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE

Aux États-Unis comme en Russie, le Trésor public, c’est-à-dire celui de la Confédération, est régulièrement détenteur de sommes considérables, au moyen desquelles il exerce une action sur les conditions monétaires des marchés financiers. Mais, contrairement à ce que nous avons vu se passer dans l’empire des tsars, cette action, jusqu’ici, est exclusivement confinée à l’intérieur des frontières. A Washington comme à Saint-Pétersbourg, le secrétaire du Trésor dispose en général d’une encaisse énorme, constituée par l’accumulation d’excédens budgétaires ; il a, lui aussi, la responsabilité d’une circulation fiduciaire ; et cette responsabilité est plus directe encore, puisqu’il n’existe pas en Amérique d’organisme analogue à la Banque d’Etat de Russie : celle-ci, bien qu’étant une institution gouvernementale, forme une sorte de tampon entre le public détenteur et le Trésor débiteur des billets de crédit ; elle constitue une administration distincte, qui a son capital, ses réserves, sa comptabilité particulière. De l’autre côté de l’Atlantique, les billets émanent