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non consommés ni annulés figure comme restes à payer et diminue d’autant le chiffre des disponibilités, quoiqu’une longue expérience de notre système budgétaire permette au ministère des Finances d’être pleinement assuré qu’une partie de ces dépenses ne sera pas effectuée et que, au moment de la clôture définitive des budgets, une partie correspondante des crédits n’aura pas été consommée. Néanmoins, le ministre des Finances ne se croit pas le droit de faire état de ces reliquats, et il ne les transfère du compte des sommes engagées à celui des disponibilités que lorsque les budgets sont définitivement clos et que, par conséquent, aucune dépense ne saurait être imputée par les ministères respectifs sur ces reliquats. »

On ne saurait exposer plus nettement les lois qui gouvernent une comptabilité. On doit en conclure que les chiffres indiqués comme constituant les disponibilités du Trésor russe sont des minima, inférieurs à la réalité. Pour mettre en lumière sa situation à la fin de l’année 1912, établissons son compte de caisse : il avait le 1er/14 décembre à son crédit, à la Banque de l’État, 453 millions de roubles. A la même date ; il avait une somme encore plus forte à son crédit sur les grandes places étrangères, Paris, Londres, Berlin, où les banquiers ses correspondans font fructifier les centaines de millions que le ministère des Finances a coutume de laisser entre leurs mains. C’est sur ces fonds qu’est prélevé le service des intérêts et de l’amortissement des emprunts russes placés à l’étranger, et dont le chiffre a diminué depuis quelque temps : il est en effet rentré dans le pays une quantité notable de rentes, rachetées par des particuliers, des sociétés et des caisses publiques. Les bonnes récoltes, le développement industriel, la hausse des prix du naphte, d’autres matières premières et des objets fabriqués, ont amené un accroissement de la richesse générale, grâce auquel les demandes de fonds publics se sont multipliées. La publication hebdomadaire du bilan de la Banque nous fait connaître, à toute époque de l’année, le montant du compte créditeur du Trésor chez cet établissement. Nous n’avons pas de renseignemens aussi fréquens sur son avoir à l’étranger. Toutefois, il figure dans le relevé qui est joint au budget annuel. C’est ainsi que nous savons qu’au 1er janvier 1911 cet avoir atteignait 468 millions de roubles, alors que le solde du Trésor à la Banque de Russie était de 375 millions : cela formait un total de 843 millions