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sera liquidé. Ce n’est donc pas dans des exemples de cet ordre que nous aurons à rechercher, ce qui est proprement l’objet de notre analyse, si ces excédens exercent une influence sur les marchés financiers, et quelle est la nature de cette influence. Au fur et à mesure de leur formation, ils restent simplement dans les caisses du Trésor ou bien figurent à son crédit dans le compte qui lui est ouvert à la Banque centrale, jusqu’au jour prochain où ils en sont retirés pour servir à un but déterminé.

Mais chez d’autres nations, ces excédens se gardent ; parfois même, la politique financière du gouvernement provoque la création de réserves métalliques, destinées à faire face à des événemens imprévus, et qui constituent un des articles immuables de leur programme économique. Tel est le cas de la Russie, dont nous aurons à parler en détail, et qui a eu toujours pour principe de recourir à des emprunts « préventifs, » destinés, non pas à combler des déficits, mais à tenir bien garnis les coffres du Trésor. Il en est de même des États-Unis, où les autorités fédérales disposent toujours d’une encaisse formidable, nécessitée en partie, il est vrai, par la circulation de billets d’Etat remboursables à vue et au porteur. Quelle que soit d’ailleurs l’origine de cette situation, elle n’en est pas moins grosse de conséquences, qui se résument en ce que les ministres des Finances deviennent de véritables banquiers, maîtres de capitaux qui se chiffrent par milliards : ils sont dès lors amenés, par la force des choses, à intervenir directement ou indirectement sur le marché de l’escompte, des reports et des valeurs mobilières. Nous passerons en revue les pays où cette action est le plus marquée ; nous examinerons ensuite quelques-uns de ceux qui sont dans une situation inverse et qui, au lieu de fournir des fonds aux marchés, leur en demandent.


I. — RUSSIE ET JAPON

Il y a longtemps que l’empire des tsars suit la politique financière que nous indiquions tout à l’heure. Elle découlait dans une certaine mesure de la constitution autocratique qui concentrait tous les pouvoirs dans les mains du chef de l’Etat : il semblait naturel que celui qui disposait des forces du pays, qui décidait de la guerre et de la paix, eût constamment en