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LES ÉTATS BANQUIERS
PHÉNOMÈNES DE LA FINANCE MODERNE

Les États modernes voient leurs attributions croître chaque jour. D’une part, les services qu’ils ont assures de tout temps, comme ceux de la défense nationale et de certains travaux publics, ont grandi démesurément ; d’autre part, des fonctions nouvelles ont été dévolues à beaucoup d’entre eux : l’instruction publique, les œuvres sociales et, avant tout, des exploitations industrielles, telles que celles des chemins de fer, exigent des armées de fonctionnaires et engloutissent chaque année des dizaines, des centaines de millions, des milliards de francs. Les budgets enflent régulièrement. Si l’on additionne ceux des principaux Etats européens, asiatiques, américains, africains, océaniens, on trouve que la somme qui entre au cours d’un seul exercice dans les caisses des Trésors publics n’est pas inférieure à 60 milliards de francs. Et encore ce chiffre ne comprend-il que les budgets des Etats centralisés, comme la France, ou des fédérations, comme celle des Etats-Unis de l’Amérique du Nord ; il y aurait lieu d’ajouter aux premiers les comptes locaux et aux seconds ceux des Etats qui composent la Confédération. On arriverait ainsi à un total très supérieur à celui que nous venons d’indiquer. De toute façon, le chiffre est formidable et donne matière à bien des réflexions. Il démontre qu’une partie notable des revenus des particuliers leur est enlevée par l’autorité chargée de la conduite des affaires, et appliquée à des dépenses dites d’intérêt général. C’est un grave problème que celui de la recherche des résultats ainsi obtenus : dans beaucoup