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la longue à démêler l’existence de la troisième armée, mais ils la croient dans la région du Rhodope, de sorte que tout leur effort les amène à découvrir non pas le plan du général Fitchef en 1912, mais celui du général Dimitrief en 1903.

Les 1er et 2e armées étant destinées à faire devant l’adversaire la montre du dispositif, leur rassemblement peut s’effectuer normalement et sans artifice particulier. Les divisions qu’elles ont à pied d’œuvre, la 8e à Stara Zagora, la 3e à Sliven, s’avancent donc, aussitôt que mobilisées, la première vers Seimen, la seconde vers Kizil Agatch ; dans leur dos, commencent les débarquemens des échelons transportés, qui serrent à mesure sur les cantonnemens de concentration.

Les élémens de la 3e inspection sont tous dans la Bulgarie danubienne. Certains renseignemens laissent croire qu’ils auraient traversé le Balkan par voie de terre ; à Paris, on ne doute pas que ce ne soit le long de la transversale inachevée de Gornia Orjevitza à Stara Zagora. En réalité, elles ont été dès le début rejetées vers l’Est, pour venir débarquer sur une base provisoire Kaspitchan-Eski Djoumaia ; c’est de là, la 4e en tête, qu’elles défilent par le col de Kazan.

Du 5 au 15 octobre, leur masse se complète dans la région de Strandja ; Bourgas les fait vivre, grâce à la voie ferrée ; tous les fours y sont réquisitionnés, et la population civile n’a plus de pain. Leurs marches laborieuses, dans la montagne, par un automne pluvieux, n’ont fait perdre que quarante-huit heures sur la durée prévue : c’est là le retard dû au non-achèvement du réseau ferré. Le 18, tous les rassemblemens sont terminés, et le seul indice que l’Europe en ait encore est le transfert du grand quartier général à Stara Zagora. La déclaration de guerre est lancée à cette date ; et tandis que le calife, devenu souverain constitutionnel, s’abstient d’appeler les croyans à la guerre sainte, on lit dans les églises bulgares le manifeste d’un roi catholique invitant ses sujets orthodoxes à prendre les armes, et la Croix à se dresser contre le Croissant. Il nomme le « tsar libérateur » et la Russie, gardienne longtemps d’une paix tutélaire, à qui la Bulgarie doit d’avoir pu grandir jusqu’à sa majorité.

Le lendemain, les trois armées atteignent la frontière. Les 8e et 9e divisions marchent parallèlement par les deux rives de la Maritza ; la 3e, longeant la rive droite de la Toundja, abordera