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livrées à elles-mêmes et ne pourront espérer aucun renfort. Aux Serbes de les battre, et certes ils sont de taille à le faire ; mais cette épreuve non plus ne sera pas décisive. La force ennemie principale est en Thrace, encore une fois, et c’est bien là que se jouera le va-tout de la coalition.

Cette situation est connue ; les tractations en cours s’en inspirent, avec une subordination du politique au militaire qui prouverait à elle seule que le centre des négociations est à Sofia. Elles aboutissent, au début de 1912, à un système d’alliances tel, que la Bulgarie, placée au centre de la fédération, rayonne politiquement vers les autres puissances et les laisse indépendantes entre elles. Ce plan simple garantit l’unité de la pensée militaire, confie au général Savof l’impulsion directrice et fait du général Fitchef le grand organisateur des forces de la coalition.

La coopération avec les Serbes exige de sa part un examen particulier. Toute idée de rivalité politique ou de défiance envers eux est bien bannie ; cependant en leur laissant Uskub et toute la vallée du Vardar, on ne peut se désintéresser de celles de la Struma, de la Mesta, de la Bregalnitza. Trop souvent les malheureux Macédoniens ont remonté le cours de ces rivières pour se réfugier en Bulgarie, et, parvenus à la montagne du Rylo, ont salué en pleurant la Terre Promise de la liberté. Les comitadjis attendent, avec leurs fusils cachés sous des meules, enterrés au fond des jardins. Il faut rentrer les armes à la main dans Kotchana, si fameuse dans la triste histoire de la Macédoine, et tout récemment encore, au mois d’août, redevenue le théâtre d’une échauffourée tragique et d’une effusion de sang ; il faut occuper Drama, Cavala, Serès, traverser assez vite ces pays amis pour ne pas entrer plus tard que l’armée grecque dans Salonique.

La 7e division bulgare, opérant par colonnes de brigade dans les trois compartimens du théâtre, suffira à toute cette besogne. De la même manière, la 2edivision aura à surveiller le versant méridional du Rhodope, à couvrir contre les incursions des partisans turcs la voie ferrée qui, par endroits, court à 20 kilomètres seulement de la frontière, à nettoyer de toutes troupes régulières ou irrégulières les régions de Timrosh, de Kirdjali, à couper de leur retraite les Turcs rejetés hors de la Macédoine, enfin, par Gumuldjina, à se réunir au groupe des armées principales, parvenu alors vers Dimotika. Les troupes employées à