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des deux concentrations (50 — 20 = 30) fixe à un mois juste la durée pendant laquelle il faudra produire des événemens décisifs.

Quant aux instrumens pour les produire, quant au nombre et à la composition des armées, il est probable qu’un grand nombre de combinaisons successives ont été étudiées ; mais la constitution des trois inspections, l’une en Roumélie, l’autre dans la Bulgarie danubienne, la troisième dans la Bulgarie occidentale, permet aussi de penser que tous ces projets n’ont été que des variantes d’un plan unique, lié à l’idée mère qui avait donné naissance à ces trois grandes circonscriptions. Chacune d’elles devait, dans le principe, former une armée de trois divisions. La première armée, dite de Macédoine et rassemblée au Sud de Sofia, serait chargée de couvrir les avenues de la capitale dans la direction de Salonique ; la deuxième se constituerait en Roumélie ; la troisième descendrait du Balkan ; ces deux armées de Thrace auraient l’armée turque pour objectif et la direction de Constantinople pour ligne d’opérations.

L’esprit d’un pareil plan ne peut être affecté par les tractations de 1911 et par l’espoir qu’on a d’une offensive prochaine, effectuée simultanément par les Grecs, les Serbes et les Monténégrins. En effet, si la Thrace était le théâtre principal pour les Bulgares tout seuls, elle le sera davantage encore pour la coalition. Les objectifs des Monténégrins et des Grecs ne sont que partiels : Scutari pour les uns, Salonique et les îles de l’archipel pour les autres. Les succès qu’ils espèrent ne sont que conditionnels ; tous, et même l’occupation des iles, demandent à être sanctionnés par une victoire en Thrace. Suppose-t-on en effet, pour un instant, que les Turcs puissent y prendre l’avantage ? Ils portent aussitôt leur offensive en Macédoine, la Grèce s’y retrouve en face d’eux dans la même situation qu’après ses revers de 1897, et l’on sait qu’alors, battue sur ses frontières, elle n’avait pas eu l’idée d’annexer des iles.

Cependant les leçons de la guerre italo-turque et le rôle présent joué par la flotte italienne, maitresse de la mer Egée, suggèrent aux esprits le service éminent que l’escadre grecque peut rendre à la cause des alliés : celui d’interdire tous transports de la côte d’Asie vers la côte d’Europe et de paralyser à Smyrne ou dans les Échelles du Levant une force de plus de cent bataillons. Les troupes turques de Macédoine resteront ainsi