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La féconde terre en travail
Semble en sa grâce souveraine
Quelque resplendissante traîne
Où pleuvraient des gouttes d’émail,

Le lézard, vivante émeraude,
Qu’en silence il faut approcher,
Sort de son écrin, le rocher.
En quête d’une place chaude.

Et, d’un rêve éblouis, mes yeux
Admirent jusqu’à l’araignée
De magnificence imprégnée
Au cœur de ses rayons soyeux.

Je me sens si limpide l’âme,
Ce matin, qu’elle se confond
Avec le bleu du ciel profond
Ou l’or du verger qui s’enflamme ;

Car tout luit si vierge, si neuf
Que, montrant sa tête surprise,
Impatient, l’oisillon brise
La coquille mince de l’œuf.

Le taureau, dont lo poil s’emmêle,
D’appels fait retentir les prés
Où la génisse aux flancs lustrés
Arrondit sa blonde mamelle.

Là-haut, la branche frêle attend
Le poids ailé d’une visite,
Tandis qu’un lierre parasite
Brode en bas le tronc résistant.

Et, d’hymnes tendres arrosée,
Brillante de frais gazouillis,
L’herbe qui les a recueillis
Les mue aussitôt en rosée.