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POÉSIES

VISIONS RUSTIQUES


HYMNE


Nature intarissable et constante, je t’aime,
Et je m’exclame honte ! et je crie anathème !
Au barbare témoin d’un spectacle enchanté
Qui ne se courbe pas devant tant de beauté.
Source miraculeuse éternellement fraîche,
Je t’aime, et ma vaillance héréditaire prêche
Toute la joie éparse en ton rayonnement.
Je dis que l’insensé qui te dénigrement.
Et que celui-là seul sauve une âme assagie,
Qui dans la paix des champs déserts se réfugie ;
Et que seul celui-là goûte un bonheur certain,
Qui te confie obscur son rustique destin.
Nature qui, sans hâte, aux faibles communiques
Ta force calme, et dont les effluves toniques
Contre la douleur même agissent souverains,
Qui sur ton cœur, pour nous consoler, nous étreins,
Et qui sens palpiter tout l’avenir des races
Lorsqu’émus de virile ardeur tu nous embrasses
Tendre aïeule de l’orme et du chêne et de l’if.
Accueille ingénument cet hommage naïf.