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dissipation et de l’orgie la consommation légitime ; nous devrions vouloir une limite de la quantité : la vouloir, et voilà tout. Mais nous avons dépassé trop de limites, et la volonté de notre époque ondoie continuellement, ne sait pas se résoudre, veut et ne veut plus ; parfois elle regrette expressément cette bourbeuse abondance qui couvre le monde et l’enlaidit, et alors elle regrette les arts, les croyances, les vertus du passé, et elle blasphème presque contre le progrès ; mais ensuite elle ne sait pas refréner ses désirs et elle se rejette dans l’orgie. Le voilà, le secret et cruel tourment du monde moderne, que dis-je ? des deux mondes entre lesquels nous naviguons et de toute la civilisation des machines : c’est l’impossibilité de résoudre ce problème, c’est cette lutte continuelle et indisciplinée entre la quantité et la qualité...

Sur ces mots, Cavalcanti interrompit un moment son discours.


GUGLIELMO FERRERO.