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REVUE DRAMATIQUE


Comédie-Marignv : Les Eclaireuses, pièce en quatre actes, de M. Maurice Donnay. — Théâtre Sarah-Bernhardt : La Chienne du Roi, pièce en un acte, de M. Henri Lavedan ; Servir, pièce en deux actes, de M. Henri Lavedan. — Comédie-Française : L’Embuscade, pièce en quatre actes, du M. Henry Kistemaeckers. — Renaissance : Reprise de l’Enchantement, pièce en quatre actes, de M. Henry Bataille.


Le féminisme est dans l’air, du moins dans celui qu’on respire au théâtre, et sous toutes ses formes. M. Brieux, l’autre jour, réclamait en faveur de la femme qui travaille et fonçait avec sa fougue habituelle sur l’égoïsme masculin. Cette fois, M. Maurice Donnay prend à partie le féminisme des femmes du monde et se joue autour de cette turlutaine avec sa nonchalance et son ironie coutumières. J’imagine, sans en rien savoir, que l’idée première de sa pièce a dû lui venir de l’agacement que lui auront causé certaines conversations de salon. Il se dit dans les salons mille riens aimables, et ce n’est pas moi qui partirai en guerre contre les usages de ce qu’on appelait jadis la société polie ; il s’y tient aussi des propos exaspérans. Vous y entendez le clubman, riche, égoïste, inutile, déclarer qu’il est socialiste. Et vous y rencontrez pareillement la petite perruche qui jacasse contre la captivité des perruches. « Moi, je suis pour l’égalité des sexes... -— Comme vous auriez tort ! Votre mari est à vos pieds. — Je veux que la femme puisse gagner sa vie... — On la gagne si bien pour vous ! — Il ne s’agit pas de moi : le féminisme est une question générale, une affaire d’idées. — Oh ! alors... » Ainsi remis à sa place et réduit au silence, M. Maurice Donnay aura médité de prendre sa revanche par des moyens qui ne sont pas à la disposition de tous : c’est de mettre à la scène les plus séduisantes et les plus irritantes, les plus agréables et les plus insupportables des féministes, de montrer ce que représente pour elles le féminisme et en quoi consiste ce qu’elles prennent pour des « idées. »