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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




M. Raymond Poincaré a été élu, le 17 janvier, président de la République. Deux tours de scrutin ont été nécessaires, mais dès le premier M. Poincaré avait une telle avance sur ses concurrens qu’on pouvait déjà le considérer comme élu. Aussi le second tour n’a-t-il été qu’une formalité. Les réunions préparatoires qui avaient eu lieu au Palais du Luxembourg avaient déblayé le terrain : la lutte s’y était bientôt concentrée entre M. Poincaré et M. Pams, et il était devenu évident, quel que fût le mérite des autres candidats, qu’ils avaient perdu toute chance de succès.

Parmi eux, il en est un qui, par l’éclat de son talent et de ses services, était assurément très digne d’occuper la plus haute magistrature de l’État ; nous voulons parler de M. Ribot ; mais sa candidature était une candidature de conciliation, et on était bien loin de toute idée de conciliation. L’incident survenu au ministère de la Guerre, la démission de M. Millerand, les émotions en sens contraires qui en étaient résultées, avaient en quelque sorte campé en face l’un de l’autre les deux grands partis de la République, parti relativement modéré et parti radical-socialiste, de telle sorte qu’aucun soldat ne pouvait plus se détacher du gros de l’armée pour se porter et pour manœuvrer sur un terrain intermédiaire : c’est à cela qu’est due la rapide décadence des candidatures de MM. Ribot, Antonin Dubost et Paul Deschanel. Dès lors, entre MM. Poincaré et Pams, la victoire pouvait-elle être douteuse ? Nous ne voulons rien dire de désobligeant pour M. Pams, qui est personnellement un galant homme ; mais enfin, sa candidature était une gageure perdue d’avance : il aurait fallu un autre homme pour battre M. Poincaré. Devant la réunion préparatoire, M. Pams a fait bonne figure ; il y a même eu quelques voix de plus que