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dit que, quel que fût l’élu, la République serait en bonnes mains. Tous les deux ont rempli les plus hautes fonctions. M. Ribot a été ministre des Affaires étrangères et c’est alors, — M. de Freycinet était au même moment président du Conseil et ministre de la Guerre, — que l’alliance russe a été négociée et fixée dans ses grandes lignes. L’histoire dira plus tard la grande part personnelle que M. Ribot a prise à cet acte politique qui a déterminé depuis lors toute notre politique internationale. A son tour, M. Poincaré est ministre des Affaires étrangères et il marqué son passage au quai d’Orsay en traits trop brillans pour que nous ayons besoin de les rappeler. Que M. Poincaré nous permette pourtant de l’avouer : s’il est élu, nous regretterons son absence à la présidence du Conseil, car son ministère sans lui sera décapité. Nous la regretterons aussi au quai d’Orsay, car il lui restait encore beaucoup à y faire. Ce que nous avons dit plus haut du rôle qui appartient au Président de la République montre que ce rôle est très limité et que l’action principale lui échappe. Mais les deux candidatures sont posées maintenant ; elles seront sans nul doute maintenues jusqu’au bout ; au Congrès de choisir. Quelle est celle des deux qui a été posée la première ? En apparence, c’est celle de M. Poincaré ; en fait, celle de M. Ribot l’avait été déjà en vertu d’une décision à laquelle M. Poincaré lui-même n’avait pas été étranger. Le groupe du Sénat auquel ils appartiennent l’un et l’autre en avait eu connaissance. Au reste, il ne s’agit pas ici de priorité et, pour s’être produites les premières, ces deux candidatures n’excluent pas les autres. La grande situation des présidens du Sénat et de la Chambre est une force pour MM. Antonin Dubost et Paul Deschanel. Ils seront réélus sans difficulté, probablement sans concurrens, et on verra une fois de plus à quel point ils ont la confiance de leurs collègues. M. Dubost a été ministre dans le Cabinet Casimir-Perier. M. Deschanel a été longtemps président de la Commission des Affaires étrangères à la Chambre des députés et rapporteur du budget de ce même département. Leur résolution est naturelle ; elle est attendue.

Toutes ces candidatures se présentent avec des titres divers, mais certains, et qui ne sont nullement opposés les uns aux autres. Autour d’elles, la curiosité du public est extrêmement vive ; on se demande laquelle l’emportera ; c’est la préoccupation du moment et, si cette préoccupation n’est pas sans un mélange d’anxiété, c’est qu’on a le sentiment très net que l’élection d’un président de la République, qui n’a jamais été chose indifférente, l’est aujourd’hui moins que