Babeuf, dans le Discours préliminaire de son Cadastre perpétuel, annoncent et commencent à élaborer le communisme. Et, par où ils nous intéressent hautement, ils associent, ils lient les deux idées de travail (ou de misère, puisqu’ils en font l’équivalent) et de nombre. « Un jour, raconte Maréchal, les travailleurs, poussés à bout par la dureté des riches, refuseront de continuer à les servir et répondront à leurs menaces : « Nous sommes trois contre un… Notre intention est de rétablir pour toujours les choses sur leur ancien pied, sur l’état primitif, c’est-à-dire sur la plus parfaite et légitime égalité. Mettons la terre en commun entre tous ses habitans. Que s’il se trouve parmi nous quelqu’un qui ait deux bouches et quatre bras, il est trop juste, assignons-lui une double portion. Mais, si nous sommes tous faits sur le même patron, partageons-nous le gâteau également. Mais en même temps mettons tous la main à la pâte. » Et Babeuf : « Les lois sociales ont été faites pour permettre aux forts et aux rusés d’accaparer les propriétés communes. Ils ont entassé pour leur usage ce qui suffirait à des milliers de leurs semblables. Les petites fortunes se sont englouties dans les grandes, qui ont pu croître indéfiniment. Le nombre des ouvriers s’est augmenté ; leur salaire a baissé ; souvent même ils ne trouvent point de travail. Dans ce cas, si, sur vingt-quatre millions d’hommes, quinze ne possèdent rien et souffrent, faudra-t-il qu’ils respectent la propriété et qu’ils meurent de faim pour l’amour des neuf autres ? »
On pourrait suivre le mouvement à travers les cinq ou six années où la Révolution se développe avant de se replier sur elle-même ; nommer des modérés comme Target, Malouet, Tronchet ; des Clermont-Tonnerre, des Mirabeau, des Lafayette, aussi bien que des abbé Fauchet, des Bonneville, des Athanase Auger et autres membres du Cercle social ; les Pétion, les Talleyrand, les Vergniaud, les Rabaut-Saint-Étienne, les Condorcet, les Brissot, guère moins que les Danton, les Robespierre, les Saint-Just ; les Girondins avec les Jacobins ; et puis les babouvistes, du babouvisme non plus en germe dans le Cadastre perpétuel, mais épanoui dans le Manifeste des Égaux, les Leblois, les Lalande, les Antonelle ; d’illustres noms et des noms ou ignorés ou oubliés. À cette littérature spéciale, et proprement révolutionnaire, on pourrait joindre une littérature plus générale : les derniers écrits de Restif de la Bretonne et de Mercier