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d’emblée non à la conception, mais à la passion de son devoir, ne pouvait pas appeler ; plus tard, à mesure qu’il élevait ses compagnons aussi haut que lui, il ne devait pas appeler. On comprend d’autre part qu’il se montre à Roncevaux le même qu’il s’est montré jusque-là, le téméraire, disait Ganelon dès le début du poème (v. 390), « qui chascun jur de mort s’abandunet ; » que sa défaite à Roncevaux n’est que la rançon de ses victoires passées ; que la condition de ses exploits fut toujours son « orgueil » et sa « folie. » Son orgueil, ce n’est pas en lui seulement qu’il le met, c’est en son lignage et en douce France ; et sa folie est de croire que la moindre diminution, et ce n’est pas assez dire, le moindre risque de diminution du moindre des Français est une diminution pour la France elle-même. Ainsi peut-on comprendre, expliquer, justifier le héros que Turold a dépeint ; mais, à vrai dire, on ne comprend, on n’explique, on ne justifie pas un héros, non plus qu’un saint.

Roland appelle quand il ne lui reste plus que quelques hommes, parce qu’alors « le devoir est fait. » Sa souffrance est d’avoir perdu la bataille, non de l’avoir livrée. Il est humilié, non repentant : « Je le ferais encore si j’avais à le faire, » c’est sa seule pensée quand il dit son adieu (v. 1854) à ceux qui sont morts ou vont mourir par sa volonté :


 « Seignors barons, de vos ait Deus mercit !
Tûtes vos anmes otreit il Pareïs,
En seintes flurs il les facet gésir !
Meillors vassals de vus unkes ne vi...
Terre de France, niult estes dulz pais !....
Baron Franceis, pur mei vos vei murir :
Jo ne vos pois tenser ne guarantir :
Aït vos Deus, ki unkes ne mentit !
Oliver frère, vos ne dei jo faillir ;
De doel murrai, s’altre ne m’i ocit.
Sire compainz, alum i referir. »

Li quens Rollanz, el champ est repairet...


Il y retourne, pour voir, hélas ! mourir avant lui ses derniers compagnons, et avant lui, le plus cher, Olivier, et pourtant cette heure suprême, pleine d’angoisse, sera pleine aussi d’une joie renaissante, grandissante. Si l’on se rappelle maintenant quelle était sa superbe d’avant la bataille, si l’on se souvient