fallait, en pratique, pour chaque cure vacante, présenter un nom, et qu’il espérait que tout cela se passerait amicalement et pacifiquement. Les instructions romaines étaient sans réticence et ne comportaient pas qu’on biaisât. Jacobini, trois jours après, transmettait aux évêques un cadeau de Bismarck : les clercs qui avaient étudié à Innsbruck ou à Rome pourraient désormais exercer le ministère en Prusse, si les évêques formulaient pour eux une demande de dispense. Jacobini invitait les évêques à se plier à cette formalité. Enfin, le 26 juillet, apprenant qu’ils allaient se réunir à Fulda, il leur prodiguait, dans une longue lettre, les bons et fermes conseils : il fallait qu’ils fussent coulans dans l’interprétation de la loi, qu’ils se missent bien d’accord, qu’en cas de difficulté ils recourussent au Saint-Siège, et que, soucieux de mettre en valeur les avantages de la loi, ils s’occupassent, bientôt, de rouvrir les séminaires. Léon XIII et Bismarck avaient, tous deux ensemble, créé un état de choses légal qui marquait pour l’Eglise un progrès. Léon XIII souhaitait que l’épiscopat, au lieu de s’attarder dans une méfiance languissante, profitât avec bonne humeur des libertés recouvrées. C’est à quoi visaient tous ces documens romains par lesquels, de quinzaine en quinzaine, les évêques d’Allemagne étaient encouragés, rassurés, éperonnés ; et la réouverture immédiate de plusieurs grands séminaires montra bientôt, au grand déplaisir du professeur Kraus et du prince de Hohenlohe, que ces documens ne demeuraient pas infructueux.
Rome ne voulait pas, d’ailleurs, achever la paix sans les évêques ; et Jacobini, dans cette même lettre du 26 juillet, invitait la réunion épiscopale de Fulda à émettre des vœux au sujet de la seconde révision des lois de Mai. Les évêques conférèrent, et, le 12 août, écrivirent une longue lettre à Léon XIII. Ils étaient toujours anxieux, ils ne le pouvaient taire. Ils regardaient le passé de la Prusse, l’expérience des régions voisines : que l’Etat désormais put s’immiscer dans une nomination de curé, cela leur faisait peur. Ils craignaient que les prêtres les plus orthodoxes, les plus fidèles à défendre l’Eglise, ne fussent ainsi mis de côté, que d’autres ne fussent encouragés à l’intrigue, que le respect des populations pour les curés ne diminuât. Ils comptaient que