Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 9.djvu/951

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Paris est habitué, depuis quelques années, à recevoir des souverains étrangers, et c’est toujours avec satisfaction qu’il accueille et salue le plus haut représentant d’une nation amie ; mais ce sentiment a été particulièrement vif chez lui à l’occasion de la visite que vient de lui faire la reine de Hollande. Et quand nous parlons de Paris, nous voulons parler de la France dont sa capitale est ici l’organe. La Hollande est un des pays de l’Europe dont l’histoire a été le plus profondément mêlée à la nôtre. Nous nous sommes heurtés souvent sur des champs de bataille avec la bravoure et l’indomptable ténacité de ses habitans et nous avons appris, quelquefois à nos dépens, à les apprécier. Mais depuis longtemps nous n’avons plus de démêlés avec elle et nous formons des vœux pour sa prospérité et son bonheur, comme nous ne doutons pas qu’elle en forme pour nous. Si nous avons encore un intérêt politique en Hollande, il se confond très étroitement avec le sien propre, car c’est celui de sa parfaite indépendance. Notre désir le plus sincère est qu’elle reste ce qu’elle est et contribue par là au maintien de la paix générale. Nous voulons croire que ce n’est pas le hasard seul qui a établi dans sa capitale, après l’y avoir lentement élaborée, une institution internationale dont le but est précisément de dissiper, par l’intervention du droit, les nuages chargés de foudres : c’est bien en effet au milieu de ce peuple, qui a donné tant de preuves de courage, mais sage, prudent, réfléchi, devenu riche par son commerce, que devaient naturellement se tenir les assises de la paix. Et c’est pourquoi tant de regards se tournent aujourd’hui du côté de La Haye. Cette nation si digne d’estime a un gouvernement digne d’elle. Il est représenté aujourd’hui par une reine qui, arrivée sur le trône encore enfant, y a grandi sous la tutelle d’une mère admirable