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avec de grandes pertes chaque fois qu’ils veulent sortir du bois dont ils viennent de s’emparer, et nous demeurons les maîtres de l’angle Sud-Ouest du Gifertwald, des hauteurs de Spicheren. de celles que couvre le Pfaffenwald, et des pentes broussailleuses de sa forêt.

L’offensive d’Alvensleben sur l’Eperon n’atteint pas plus le but que celle sur le Gifertwald, quoique Alvensleben déploie encore plus de vigueur de ce côté. Jusque-là, l’infanterie seule avait essayé d’enlever l’Eperon ; il combine d’y lancer de la cavalerie et de l’artillerie, en même temps, de le tourner du côté de la route et de s’emparer du col situé au Sud. Le régiment des hussards de Brunswick se lance sur les pentes rapides ; il est obligé de se replier avec pertes et de retourner au pied de la montagne. L’artillerie réussit mieux. Les chevaux étant impuissans à faire avancer les pièces, les fantassins et les canonniers s’y attellent. Après des efforts terribles, et une lutte dans laquelle la moitié des servans furent abattus, elles prennent position, au milieu des hurrahs de l’infanterie sur le plateau. L’infanterie vient à leur rescousse. Trois compagnies du 8e régiment de grenadiers abordent le col situé au Sud de l’Eperon. Un feu meurtrier les accueille lorsque leur première ligne apparaît sur la crête : ils perdent beaucoup de monde, mais ils débouchent de la forêt au pas de course, enlèvent le mamelon le plus méridional de l’Eperon et refoulent le centre de notre ligne de bataille jusque sur la partie la plus élevée et la plus méridionale. Cependant ni le mouvement tournant tenté par le Gifertwald, ni celui essayé du côté de la route par les trois compagnies de grenadiers, ni l’entrée en ligne sur l’Eperon des huit bouches à feu n’avaient imprimé au combat une tournure décisive. Nos longues lignes occupaient toujours une position dominante s’étendant sur tout le versant Nord du Forbacherberg, depuis la forêt de Spicheren jusqu’au village. Et nos troupes y étaient inexpugnables.

Alvensleben, malgré son insuccès relatif du côté de l’Eperon et du Gifertwald, n’en est que plus obstiné à s’emparer du Forbacherberg, Sa situation n’était plus tenable. « ... Il ne pouvait plus compter sur des renforts importans en troupes fraîches. De la XIIIe division, dont l’entrée en ligne avait été indiquée comme prochaine, il ne savait rien. Déjà le soleil était bas : il n’y avait plus de temps à perdre. Si l’attaque échouait, il fallait irrévocablement entamer la retraite, ayant la Sarre immédiatement