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LA FORCE FINANCIÈRE DES ÉTATS

Jamais il n’a autant été question que de nos jours, dans les conversations politiques et dans le public, de la force financière des États. Jamais on n’a plus répété l’adage : « L’argent est le nerf de la guerre. » Jamais on n’a plus vanté la puissance de quelques nations à cet égard, ni critiqué la faiblesse ou la soi-disant faiblesse de certaines autres. L’opinion, nous semble-t-il, a fini par être quelque peu faussée à cet endroit. Nous voyons dans cette disposition d’esprit un véritable péril national. C’est pourquoi nous essaierons de remettre les choses au point, en recherchant d’abord ce qui constitue véritablement la force économique d’un pays, ensuite quelle place cette force tient dans l’ensemble de celles qui concourent au maintien de son indépendance et qui lui permettent de conserver son rang dans le monde. Nous montrerons enfin, par des exemples empruntés à l’histoire, que, dans les luttes internationales, la richesse n’a pas toujours assuré la victoire, et que bien souvent, au contraire, le pauvre y a vaincu le riche.


I. — FORTUNE NATIONALE

Qu’appelle-t-on la richesse d’un pays ? C’est, en dehors des biens nationaux, du domaine public, l’ensemble des fortunes de ses habitans additionnées entre elles et qui comprennent la propriété du sol, divisée entre les particuliers ou les sociétés privées qui l’occupent, avec le tréfonds d’une part et les constructions érigées sur la terre d’autre part ; ce sont les biens meubles de toute nature que possèdent les mêmes habitans. Dans l’énumération