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la voix métallique des Méridionaux. Il s’habille avec soin, mais de telle façon que Guy Demonville, infiniment plus recherché dans sa mise, a l’air, auprès de lui, d’un rastaquouère… Bref, je vous le répète : le goût très vif que lui marquent les personnes de votre sexe n’a rien pour nous étonner, même lorsqu’il s’agit de fillettes telles que Mlles Demonville ou May Footner, pour qui les principales qualités d’un homme sont la taille, la toilette, la gaîté, d’être bon danseur, et de bien « servir » au tennis.


… Donc, après la séance instructive de la bibliothèque, Georges, laissant le reste de la nouvelle couvée s’éparpiller à travers le parc, m’accompagna jusque dans la pièce voisine de ma chambre, où sont installés mes bouquins de travail, et mes paperasses. Je m’assis à ma table ; lui s’assit sur un fauteuil en face de moi. Je lui offris une cigarette qu’il alluma distraitement et qu’il laissa bientôt éteindre, tout en la gardant aux doigts. J’en allumai une moi-même.

— Mon cher Georges, lui dis-je, je vous écoute.

Il parla d’abord avec un peu de gêne et d’intimidation, cherchant les mots, laissant des phrases inachevées. Mais il reprit vite l’assurance caractéristique de sa génération, heureusement tempérée chez lui par une naturelle politesse et une déférence voulue. Néanmoins son attitude signifiait : « J’ai beau n’avoir pas dix-huit ans, mes soucis, mes affections, mes desseins, mes travaux et ma personne doivent vous apparaître comme importans, et il est juste que vous y donniez votre attention. »

— Monsieur, me dit-il en substance, je suis en ce moment à la fois très heureux et très tourmenté. Je suis heureux parce que j’aime Mlle Sylvie Bertrand-Tasqué…

— Et tourmenté, interrompis-je, voyant qu’il hésitait, parce que vous êtes un honnête garçon, et que, même en risquant l’imprudence d’aussi lointains projets, Mlle Sylvie Bertrand-Tasqué, fille d’un médecin et d’une infirmière, n’est pas un parti pour vous…

— Je crains surtout que ce ne soit pas un parti accepté par mon père.

— Votre père n’a-t-il pas fait lui-même un mariage d’inclination ?