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LA GUERRE DE 1870

I
WŒRTH. — 6 AOUT 1870


I

A la joie folle et disproportionnée que les Allemands firent éclater après Wissembourg, on put juger de la terreur que nous leur inspirions. L’honneur était cependant plutôt pour nos troupes, qui avaient donné de leur solidité, de leur énergie, une preuve éclatante : moins de 5 000 hommes en avaient tenu en échec, pendant six heures, près de 25 000 et leur avaient fait subir des pertes supérieures à celles qu’ils avaient éprouvées. C’était prodigieux. Ni Mac Mahon, ni ses soldats ne furent ébranlés par ce qu’ils considérèrent comme un accident glorieux. Le maréchal, tout prêt à une autre bataille, établit son armée entre Wœrth et Frœschwiller.

Wœrth, avec son clocher orné de faïences vertes, ses constructions massives, est au fond d’une délicieuse vallée. La Sauer qui la traverse n’y est pas facilement guéable, surtout lorsqu’elle est, comme à ce moment, grossie par les pluies. Plusieurs ponts y sont établis, à Wœrth, à Alte Mühle, au Moulin, à Bruck-Mülh, à Biblislieim et vers Dürrenbach. Sur la rive droite, Frœschwiller, clef de la position, placé entre la vallée du Falkensteiner et celle de la Sauer, traversé par les routes de Wœrth, Reichshoffen, Neehwiller et Morsbronn, est le point culminant d’un plateau ondulé, dominant toutes les directions.