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des godelureaux qui, jusqu’ici, ont tourné autour d’elle. Elle s’engage presque à lui. Le bruit de leurs fiançailles se répand... Eh bien ! En voilà une qui a eu la main heureuse ! Le baron Houzier est un baron de la haute pègre. Il a combiné une savante escroquerie avec son compère Parraineaux, un financier véreux. Parrain eaux achètera, à un prix dérisoire, des terrains qui contiennent de mirifiques gisemens de phosphates. Houzier palpera la dol... Comment se rejoignent les deux « affaires, » quel intérêt Houzier a-t-il à faire « rouler » son futur beau-père par un bandit, quel profit Parraineaux espère-t-il tirer du mariage d’Hélène avec Houzier ? je ne l’ai pas parfaitement saisi. Mais l’important est que Robert Levaltier, lui, ait tout compris et qu’il veUle.

Il est tombé amoureux d’Hélène, tout de suite, et cela nous a fait chaud au cœur : il y a encore de beaux jours pour le coup de foudre. A peine est-ce si la jeune fille a jeté sur lui un regard dédaigneux. Pourtant elle a été obligée de s’apercevoir qu’il est un secrétaire comme on en voit peu. Elle éprouve une antipathie violente pour ce personnage singulier et mystérieux : nul n’ignore que c’est mie des formes où le spectateur reconnaît un amour naissant et qui s’ignore. Nous en sommes là, quand éclate la grande scène qui va changer la face des choses, remettre chacun à sa place et dans son vrai rôle, démasquer les traîtres et exalter les héros. Houzier et Parraineaux sont venus pour conclure la vente des terrains ; c’est le secrétaire qui les reçoit ; et dès les premiers mots, qui sont comme les premiers engagemens du fer, ils sentent qu’ils ont devant eux un adversaire redoutable. Ils tentent de l’acheter ; le moyen est classique : combien exige cet incorruptible pour se laisser corrompre ? Un autre, à qui on eût adressé une telle proposition, eût jeté les hauts cris. Les grandes phrases ni les gestes ne sont dans la manière de Levaltier. Très calme, le jeu serré, il tient les deux misérables à sa merci, et ne les laisse partir qu’après en avoir obtenu les papiers et signatures nécessaires à leur complète extermination. Ce jeune homme est très fort. Le hasard, qui aime les forts, travaille pour lui. Il a voulu qu’Hélène passât justement par là, et que, sans écouter aux portes, ce qui n’est pas d’une jeune fille bien élevée, elle ait quand même tout entendu. Quelle surprise, et quelle révélation ! Mais se peut-il qu’elle soit redevable d’un tel service à un homme qui certainement ne peut la souffrir et que pareillement elle exècre ?

Toute cette fin d’acte est menée avec beaucoup de vigueur et de sûreté et a produit grand effet. Restait maintenant à mener les