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le mouvement et le mot de la fin. Il nous fait, au cours de ses cinq actes, tourner autour d’un personnage, misanthrope, avare ou hypocrite ; après quoi, et quand les traits d’Alceste, d’Harpagon ou de Tartufe sont gravés dans notre mémoire, pour ne s’en plus effacer, le travail du peintre est achevé et peu importe comment la pièce finira.

Le premier acte du Ménage est délicieux. Molière est chez lui, au travail, en train de composer l’Ecole des maris. On entre : c’est Armande. Le poète s’interrompt d’écrire pour le charme de causer avec la jeune fille, et d’arrêter le projet de leur prochain mariage. Une folie, ce projet ! Et il énumère toutes les objections qui devraient l’en détourner, comme on fait pour les objections dont on est in petto bien résolu à ne tenir aucun compte. Le principal est son âge : il a quarante ans, Armande en a vingt. Aussi bien liez-vous à Armande pour trouver réponse à tout. Elle assure gentiment que les années d’un homme célèbre ne se comptent pas comme celles des autres hommes : il a toujours l’âge de sa gloire. Aime-t-elle Molière à ce moment ? Peut-être. En tout cas, elle désire l’épouser. Elle fait sur lui la première épreuve de sa coquetterie. Reste pour Molière une formalité assez ennuyeuse : c’est d’obtenir le consentement de Madeleine, qui passe pour être la sœur aînée d’Armande et lui a toujours servi de mère. Elle a été la maîtresse de Molière et continue de tenir sa maison : il faut s’attendre à des récriminations. Madeleine n’y manque pas ; à bout d’argumens, elle lâche son secret : Armande est, non pas sa sœur, comme on le croit, mais sa fille. De quel père ? Elle est sur ce point, comme les érudits d’aujourd’hui, réduite à des conjectures. Molière n’attache à ces bagatelles aucune importance ; il connaît d’ailleurs le caractère de Madeleine qui n’est ni une sentimentale, ni une passionnée, mais une personne pratique. Elle acceptera la situation, et s’en fera plusieurs mille livres de revenu. Pour Molière, il est dans l’enivrement de la folie qu’il s’apprête à commettre. La charmante vie qu’il aura désormais ! Quel bonheur de travailler auprès d’une telle compagne ! Et les belles pièces de théâtre qu’on fera !... On ne saurait trop louer la simplicité et l’aisance avec lesquelles se déroule ce premier acte. Chacun des personnages nous est présenté dans son air, celui où il paraît aimable. Le dialogue est tout plein d’allégresse. Les vers coulent d’une source abondante et claire. Et plusieurs qu’on salue au passage sont du tour le plus heureux.

Le second acte s’ouvre par un tableau rapide et chatoyant. La scène représente un coin du paie de Versailles aménagé pour les fêtes que le Roi donne à Mlle de la Vallière et dont Molière fut l’ordonnateur :