ce que l’assistance sociale peut imaginer. D’autre part, elle luttait contre l’ignorance par la création de ses écoles, de ses musées et de ses bibliothèques.
Un des premières questions à résoudre, et la plus importante peut-être, avait été la question des logemens : c’est à sa solution qu’est attaché principalement le nom de Jean Dollfus.
Jean Dollfus était le petit-neveu du peintre Jean-Henri. Il apprit la mort de son père, Daniel, comme il accomplissait son apprentissage commercial à Bruxelles, et, rappelé à Mulhouse, dirigea dès lors la maison paternelle. On retrouve dans son visage ce qui caractérise physiquement le bourgeois de Mulhouse, cette volonté unie à la bonté, et cette intelligence où il y a tant de finesse. Tout de suite il se distingua par une grande sûreté de vue, un sens des affaires extraordinairement clair, une énergie inlassable, et il donna à sa maison un tel essor qu’en 1851 elle exportait annuellement pour 25 millions de produits. Pénétré de l’idée qu’il fallait toujours marcher avec le progrès, il établit la première filature à métiers automatiques, et importa d’Angleterre la première machine à imprimer à huit couleurs. Préoccupe de conquérir les marchés extérieurs, il plaida aux Tuileries la cause du libre-échange contre Pouyer-Quertier, le filateur normand, et prit ainsi une grande part à la conclusion du traité de commerce avec l’Angleterre.
En 1851, un membre de la Société industrielle, M. Jean Zuber, communiquant une note sur les habitations des ouvriers anglais, avait demandé qu’on rédigeât un projet de logemens salubres pour les travailleurs de Mulhouse. M. André Kœchlin déjà, auparavant, pour trente-six ménages d’ouvriers de ses ateliers, avait fait bâtir des logemens que composaient deux chambres, une cuisine, un grenier, une cave, avec un potager, le tout pour 12 francs par mois. M. Jean Dollfus fit aussitôt construire à Dornach, près de la ville, quatre bâtimens différens avec jardins, et choisissant, après enquête, les deux types qui semblaient les meilleurs[1], créa en 1853 la société des cités ouvrières, au capital de 300 000 francs, la première de ce genre. Tout un quartier s’éleva qui couvre aujourd’hui trente-deux hectares et compte 1 243 maisons devenues, en grande
- ↑ Les Grands industriels de Mulhouse, par Mosmann. Paris. 1879.