Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 8.djvu/335

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
HEURES D’ITALIE

AUTOUR DES LACS


I. — ORTA

Bien souvent, descendant en Italie par le Simplon, j’avais eu le désir de faire un léger détour pour m’arrêter à Orta. Mais ma hâte de gagner Milan et Venise m’en avait chaque fois empêché. N’ayant pas le loisir, cette année, d’aller savourer sur la lagune les délices de l’automne naissant, je veux profiter des quelques jours de liberté dont je puis seulement disposer, pour visiter autour des lacs quelques coins que je ne connais pas encore. Comment n’y aurait-il pas dans cette région, ainsi que sur toute la terre latine, d’adorables sites et d’intéressans sanctuaires d’art ?

A Domodossola, j’ai donc quitté le rapide qui amène si vite sur le versant italien que, pendant un instant, on est aveuglé par l’éclatante et trop brusque lumière, et je suis monté dans un petit train dont les wagons, au sortir des luxueux sleeping, semblent dater de plus d’un siècle. Il suit l’ancienne ligne de Novare que l’on prenait jadis quand on arrivait par la diligence du Simplon. La voie qui mène directement au lac Majeur n’a été tracée qu’après l’ouverture du tunnel. Pendant une vingtaine de kilomètres, les deux lignes courent tout à côté l’une de l’autre, et certaines stations leur sont même communes. On se sépare à Cuzzago et, après avoir franchi la Tosa et longé la base occidentale du Mottarone, on débouche sur le lac d’Orta, l’ancien Cusio des Romains.