sa vaisselle, et de Napoléon Ier engloutissant en 1814 sa fortune particulière dans la lutte contre les alliés : ces exemples semblaient sans effet sur leur égoïsme et leur cupidité. Soudain, on apprend que l’ancien vice-roi du Seu-Tchouan, aidé par des troupes fidèles venues du Thibet, a débloqué Tcheng-Tou-Fou, et que la province va, tout au moins, garder la neutralité entre l’Empire et la Révolution, Les officiers de l’armée du Nord remettent à Yuan-Chi-Kaï une adresse affirmant leurs sentimens loyalistes ; les princes et les nobles du clan impérial donnent trois millions de taëls pour la continuation des hostilités ; une souscription publique ouverte à Pékin fournit en quelques jours des sommes considérables. Yuan-Chi-Kaï reprend confiance, garde le pouvoir, destitue Tang-Chao-Yi, refuse d’aller à Changhaï pour continuer les négociations, et proclame que le peuple seul, par l’intermédiaire d’une Assemblée véritablement nationale, fixera les destinées de l’État.
Cette velléité d’énergie dura peu. Le gouvernement impérial laissa passer l’occasion de prendre, dès le 6 janvier, à la fin de l’armistice, une vigoureuse offensive, que facilitaient les difficultés éprouvées par les républicains dans l’organisation administrative de leurs provinces, et aussi leurs embarras financiers. L’Impératrice douairière aurait eu besoin d’un Richelieu ; elle ne pouvait compter que sur un Trochu. Les mémoires diplomatiques aux puissances remplacèrent les actes décisifs. Avant la reprise des hostilités, de nouveau différées, Yuan-Chi-Kaï et Sun-Yuat-Sên s’accusèrent réciproquement de mauvaise foi. Dans son manifeste, le président de la République chinoise prononça la déchéance de la dynastie mandchoue, en exposant les griefs historiques, administratifs et politiques du peuple chinois ; il confirma toutes les promesses faites, tous les engagemens pris au début de la Révolution par le général Li-Yuan-Houng. Ensuite, te télégraphe fonctionna, des émissaires tirent la navette sans interruption entre Changhaï et Pékin.
La finesse réputée de Yuan s’avérait, en fait, comme une irrésolution incurable, sinon comme une profonde duplicité. Il renonçait à sa bizarre conception d’une monarchie républicaine sanctionnée par la future Assemblée nationale, pour assurer à la dynastie les bienfaits d’une avantageuse capitulation. Il semblait plus préoccupé de lui épargner les amertumes de l’exil que les aléas d’une résistance obstinée. Incapable, par sa