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L’INSCRIPTION MARITIME[1]


I

Le Parlement va être appelé à réviser les bases de notre recrutement naval. Un projet de loi déposé par le ministre de la Marine y introduit des principes nouveaux. Les transformations de notre flotte, rendues nécessaires par le développement des flottes rivales, imposent elles-mêmes de promptes modifications dans les équipages. Et le mouvement commercial, autant que le mouvement militaire universel, oblige notre pays, s’il ne veut pas se voir bientôt distancé, à rajeunir sa législation maritime. D’autre part, les grèves ruineuses qui ont suspendu la vie de nos ports, l’agitation du personnel marin, le recul de notre armement, ont attiré l’attention générale sur cette situation et sur les dispositions légales dont elle dépend. On va donc toucher à l’œuvre de Colbert. Elle forme un vaste ensemble, complexe et équilibré, dont le balancement et les lointaines conséquences ne sont pas toujours facilement saisissables. Les siècles, qui en ont consacré le principe, ont aussi multiplié les détails. Une institution qui se plie à tant d’états sociaux et politiques, à tant de circonstances et de changemens, mérite l’admiration et l’étude ; mais elle ne s’y plie pas sans s’y compliquer, et parfois s’y obscurcir, sans s’y déformer et parfois s’y affaiblir. Des craquemens, d’année en année, se font entendre dans l’édifice. On y remarque des lézardes, on sent qu’il n’est plus fait pour abriter les générations grandissantes

  1. Voyez, dans la Revue du 1er novembre 1909, le remarquable article de M. J. Charles-Roux.