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que le programme commercial de l’impérialisme n’est nullement abandonné. On s’est borné à n’en point trop parler à la conférence parce qu’on le sait peu goûté du public officiel. Peut-être espérait-on, au contraire, que l’offre d’une large contribution des colonies à la défense de l’Empire serait favorablement accueillie des libéraux, effrayés par l’augmentation des dépenses navales, et qu’ils verraient ainsi d’un bon œil l’aurore du Parlement impérial qui est la condition nécessaire de cette contribution. Du reste, sir Joseph Ward ne dissimule pas l’argument :


Si les Dominions d’outre-mer veulent bien contribuer à la création et à l’entretien de la Hotte, ils ont assurément droit à une voix dans ces questions qui les touchent d’une manière si vitale. La question d’un Conseil impérial de Défense est même plus importante encore pour le Royaume-Uni que pour les Dominions, étant donné le poids écrasant que lui imposent ses besoins navals. L’Empire consiste en un groupe de nations libres, et le jour d’une association entre elles pour les affaires impériales est arrivé. La question est de savoir sur quelle base cette association doit reposer. Ce ne peut être sur la base des relations actuelles, car une association ne mérite pas ce nom, si elle ne donne pas aux associés une voix dans la direction des affaires.


Voilà bien le dernier mot. Selon la conception purement impérialiste, l’Empire britannique n’est rien si les diverses unités qui le composent n’ont pas voix au chapitre dans toutes les questions intéressant l’ensemble : défense militaire et navale, relations extérieures. Or, la seule manière de leur donner cette voix, et d’une façon permanente (ce qui est indispensable, car les affaires les plus importantes peuvent surgir inopinément), c’est de créer entre la mère patrie et les Dominions autonomes une véritable confédération, avec un Parlement fédéral et un ministère fédéral. Au fond, c’est la vieille conception centralisatrice, à laquelle M. Asquith faisait allusion dans son discours d’ouverture, qui revient transformée, évoluée, plus- libérale assurément.

Ce n’est plus le gouvernement, le Parlement anglais qui aura la liante main sur les gouvernemens coloniaux ; ce sera un gouvernement, un Parlement fédéral. Sans doute dans ce Parlement toutes les colonies seront largement représentées ; sans doute aussi son autorité sera limitée à certaines matières. Il n’en est pas moins vrai que l’autonomie de chaque colonie s’en trouvera restreinte. En cas de dissentiment, la minorité devra